N'oublier jamais de Michel Bussi

Après un tri dans mon ordi et une mise à jour de la liseuse, je peux enfin me lancer dans la lecture de TOUS les bouquins qui y sont enregistrés. Pour plus de facilité, je m’y prends dans l’ordre d’affichage de la bibliothèque de la liseuse. J’ai donc commencé par N’oublier jamais de Michel Bussi, roman qui, je ne sais pour quelle raison, est enregistré avec une * devant le titre ; ce qui lui vaut sa première place dans la liste.

Résumé

Jamal, jeune arabe de banlieue parisienne qui bosse à l’entretien dans un institut médical, part en vacances près d’Etretat, en Normandie, pour s’entraîner au trail. Il est unijambiste et aspire à être le premier dans ce cas à réaliser une course épique dans les Alpes.

Un matin, pendant sa course, Jamal tombe sur une jeune femme au bord de la falaise. Elle est prête à sauter. Il essaie de la convaincre de ne pas le faire, mais échoue. Le voilà seul et unique témoin d’un suicide.

Malheureusement pour lui, la police conclut à un homicide et Jamal doit s’enfuir pour réunir les preuves et les témoins de son innocence.

Mon avis

Le récit est plus compliqué que ne le laisse deviner ce résumé, mais inutile d’entrer dans le détail ici.

L’histoire est intrigante, mais pas suffisamment crédible pour nous surprendre. En effet, le point de vue interne nous amène à croire assez rapidement le narrateur. Jamal nous certifie qu’il est victime d’une machination et on y croit volontiers. Les différents indices qui lui sont fournis renforcent cette thèse.

Cependant, quelques points me dérangent et font, à mon avis, que ce n’est pas un bon roman, mais comme on appelle souvent ce genre d’histoire, un roman de gare, qui sert juste à passer le temps en se donnant un air sérieux :

• bizarre qu’un jeune de banlieue parisienne connaisse tout le vocabulaire et la géographie de la côte normande,
• la narration des procès verbaux de police est identique à celle de Jamal (même langage, même vocabulaire, même niveaux de connaissances…),
• la plongée dans ces documents d’archive ne devrait pas nous permettre la plongée dans les pensées des flics, si celles-ci n’ont pas été retranscrites dans les procès verbaux (et ce n’est pas le cas),
• l’abus de stéréotypes (handicapé, arabe, pauvre) pour justifier la découverte du coupable idéal alors que, finalement, l’accusation de Jamal repose sur sa présumée présence sur les lieux des crimes aux dates mentionnées,
• un policier gradé peut-il vraiment marcher tant une telle combine, sans que ses supérieurs ne découvrent quoi que ce soit, tout en résolvant à lui tout seul tous les crimes ?
• l’impossibilité pour Jamal, vu la fin, d’avoir écrit l’intégralité de son aventure, avec la retranscription des rapports de police, alors qu’après la « révélation » de son innocence, il ne s’est passé que quelques jours avant qu’il ne se fasse pigeonner en beauté…

Globalement, le changement de point de vue en cours de récit est maladroit et déconcertant. Cela dessert l’histoire, à mon avis.

De plus, le côté frénétique de l’histoire ne nous autorise pas à réfléchir suffisamment aux indices qui nous sont laissés. Au mieux, on les a compris et on s’ennuie durant la fin de l’histoire, au pire on est passé à côté et on se sent comme des quiches quand divers protagonistes laissent entendre qu’on aurait très bien pu tout piger si on était un lecteur avisé. En gros, on dirait que Bussi se fout de nous et nous traite de benêts… Pour les indices, et pour le dénouement grotesque du héros que l’on veut voir triompher. Je n’apprécie pas trop.