Creacover 2024, première partie

Cela faisait un long moment que nous ne nous étions pas lancés dans un défi artistique corsé. Avec Diatomée, nous avons décidé de faire un Creacover.

La première étape a été de sélectionner 15 musiques chacun pour faire des découvertes. Une tâche herculéenne…

Ensuite, nous y allons : de fin juillet à fin octobre pour réaliser 30 créations. Nous avons commencé pendant les vacances d’été pour avoir plus de temps à consacrer à ce défi.

Voici mes 15 premières créations :

• 1 : Arms in Pledge to Ellis par Ulvesang
• 2 : Most of the time par Siv Jakobsen
• 3 : De mon âme à ton âme par KOMPROMAT, avec Adele Haenel
• 4 : Il Paradiso Dell’Anima par KEYGEN CHURCH
• 5 : Lost par Boy Harsher
• 6 : Controle par Jakob
• 7 : Blind Emperor - KMRU Rework par The Allegorist
• 8 : Among the living par Markéta Irglová
• 9 : Graue Nacht par Nebelung
• 10 : space orphan par foxtails
• 11 : Infernal par Emily Jane White
• 12 : Elastic Astral Peel par Dustin Wong & Takako Minekawa
• 13 : Where we’ve been par Friko
• 14 : Nega do obaluae par Wando
• 15 : Lover’s souvenir par Tom McRae, avec Rose

Musique 1 : Arms in Pledge to Ellis par Ulvesang

C’est moi qui ai proposé ce titre. Il m’évoque la contemplation d’un paysage froid et solitaire, type tableau romantique à la Caspar David Friedrich. J’ai songé à une plage, mais une plage froide, glaciale, non accueillante… Une plage de galets. Une plage du nord. Et l’ambiance devait être à l’aune de ce sentiment romantique dépressif. Les couleurs sont donc froides : ardoise, bleu, gris, blanc.

Peinture numérique réalisée sur le logiciel Procreate avec pinceaux de peinture à l’huile et de thérébentine, comme les tableaux romantiques.

Les voix de la musique m’ont immédiatement fait penser à des esprits, des fantômes, des morts ; ici, une âme esseulée, tourmentée et perdue sur les rivages glacés de l’Au-delà. En fait, les remous des vagues et le ciel chargé et menaçant représentent les tourments de cette femme noyée. Elle luit dans la clarté du crépuscule lunaire, comme pour se guider elle-même à travers les méandres de sa fin. Le vent dans ses cheveux et les volutes autour d’elle sont censés rappeler le tournoiement de l’eau. Ces lassos qui l’encerclent auraient sans doute dû partir des vagues.

Je trouve le résultat plutôt satisfaisant, même si je voyais le rendu final bien plus puissant et profond dans mon esprit. Je sais pertinemment que je suis incapable de reproduire ce que je vois dans ma tête (dessiner des vagues et des nuages, c’est juste totalement impossible pour moi). J’avais donc décris le tableau à l’IA Ideogram pour obtenir un rendu plus vivant et visuel. Elle m’a sorti un truc de dingue, évidemment. J’ai apprécié la composition de son image, je l’ai donc conservée (j’aurais dû conserver aussi le format de la toile) et j’ai essayé de partir de cette base pour réaliser mon propre tableau.

Musique 2 : Most of the time par Siv Jakobsen

Ce second titre a été proposé par Diatomée. Il ne m’a rien évoqué de probant à la première écoute, mais à force de l’entendre, j’ai commencé à déceler une sorte de tristesse ; de la solitude et de la nostalgie qui ne peuvent être comblées que par le rêve d’un moment magique partagé avec un être plein de douceur. Cela s’est traduit par une danse onirique avec un ours, sur fond de sucreries.

J’ai de nouveau utilisé Procreate, avec un pinceau pour aquarelle, pour la douceur.

Musique 3 : De mon âme à ton âme par KOMPROMAT, avec Adele Haenel

C’est moi qui ai proposé ce troisième titre, qui m’avait semblé, à la première écoute, plutôt percutant. Finalement, il n’a rien de spécial et l’inspiration a eu du mal à venir. J’ai simplement relevé quelques vers de la chanson, ce qui nous donne un cœur humain en flammes (« La vie est flamme mon amour »), flottant au-dessus d’un fleuve bordé de hauts arbres (« Le long du fleuve mon âme sœur, Du haut des cimes aux profondeurs ») dans une nuit noire et pluvieuse, seulement troublée par ce point lumineux au loin (« Le ciel est noir mon amie, Mais j’y vois clair et la pluie »).

J’ai utilisé un pinceau de type pastel sec, sur Procreate. J’avais juste envie d’essayer.

Je pense dessiner avec ce logiciel jusqu’au bout du défi, donc je ne le préciserai plus. Je détaillerai le ou les pinceaux utilisés uniquement lorsqu’il y aura une raison précise.

Musique 4 : Il Paradiso Dell’Anima par KEYGEN CHURCH

Excellente découverte musicale. Il y a une ambiance forte, du style, du rythme. Super.

J’ai utilisé ici un stylo technique, sur le logiciel, pour obtenir des traits nets et réguliers. Je voulais représenter un concert dans la cathédrale, avec cette ambiance à la fois mystique et électronique. Les couleurs et le côté fil de fer m’évoquent cet aspect. Tout comme la pochette du disque, dans le même esprit. Les musiciens et chanteurs portent des masques similaires, ce qui renforce le côté fanatique. J’apprécie cette réalisation.

Musique 5 : Lost par Boy Harsher

Ce nouveau titre ne m’a pas inspiré grand chose au départ, si ce n’est une ambiance « Club des années 80’ » 🛼.

Je pensais dessiner une femme qui danse sous une boule à facettes 🪩 (avec toute la complexité des jeux de lumière que cela impliquait). Et puis, à l’écoute de l’album complet, il m’est apparu qu’il y avait comme une pointe de David Bowie, un genre un peu extraterrestre, qui venait s’ajouter à cela. J’ai alors pensé à une femme dansant sous les faisceaux lumineux d’une soucoupe volante, avec des couleurs bien rétro comme le turquoise et le rose. Évidemment, je n’ai pas été capable de reproduire ce que je voyais dans ma tête. L’IA m’a grandement aidée pour la première version…

Ensuite, c’est Diatomée qui m’a dit que je pouvais reprendre l’idée, mais la traiter en néons. C’est aussi Diatomée qui a paramétré le pinceau de Procreate pour qu’il ne tremble pas, qu’il ait la même épaisseur quelque soit la pression exercée, que les lignes soient fluides et que je puisse les faire luire comme des néons.

En conclusion, je n’étais pas seule pour réaliser ce dessin. La vérité est ailleurs… 👽

Musique 6 : Controle par Jakob

Superbe musique qui m’a inspiré l’avancée d’une personne dans ses tourments intérieurs, la tempête qui éclate dans sa tête. Cela s’est traduit par l’ascension d’une falaise, sous un ciel orageux, avec l’océan hostile en bas. Le personnage peut garder le contrôle et rester là à analyser ses pensées, ou il peut craquer et sauter. Plus la musique avance, plus son dénouement est proche. Il est clair que mon dessin ne rend pas justice à ce magnifique titre post-rock.

Musique 7 : Blind Emperor - KMRU Rework par The Allegorist

Cette musique m’a étrangement fait penser à un champ de bataille, après le combat, survolé par les corbeaux. J’y ai perçu un côté « nordique », viking.

Musique 8 : Among the living par Markéta Irglová

Jolie musique qui m’a déroutée dès la première écoute. Je n’y ai pas perçu la structure habituelle d’une chanson, à savoir le couplet, le pont, le refrain, etc. J’ai eu le sentiment qu’il allait se passait quelque chose, avec un enchaînement instrumental du plus bel effet, comme la montée en puissance d’un orchestre symphonique, mais une toute autre tournure est apparue.

Bref, j’étais perdue et je n’ai pas compris l’histoire de la chanson. J’ai fini par visualiser une scène de solitude, et jusqu’au dernier moment, je ne savais pas si devait y transparaître l’espoir ou la peine. C’est en trafiquant les courbes et la saturation des couleurs, à la toute fin de ma réalisation, que j’en suis arrivée à faire quelque chose de glauque, genre « enterrement ».

Les ballons ont failli être multicolores (l’espoir, l’avenir) ou tous blancs (le passage à un nouvel état). Finalement, c’est la mort qui gagne et elle aura pris le dessus à cause de la première phrase de la chanson qui m’évoque terriblement la perte d’un être aimé :

« All I could have, would have,
should have told you,
All I never even thought to ask you,
Plays on my mind like a broken record,
And I can not bring myself to speak. »

Ce qui signifie :

« Tout ce que j’aurais pu, aurais voulu,
Aurais dû te dire,
Tout ce que je n’ai même jamais pensé à te demander
Joue dans mon esprit comme un disque rayé
Et je ne peux pas me résoudre à parler. »

Le reste des paroles est largement sur ce thème, mais je n’ai pas tout saisi à l’écoute. C’est en les lisant maintenant que je m’en rends compte.

Musique 9 : Graue Nacht par Nebelung

J’adore l’album Palingenesis de Nebelung, aussi j’ai voulu découvrir une autre musique de ce groupe dans le défi.

Je ressens beaucoup de tristesse et de nostalgie dans ce titre. J’ai d’abord pensé à la balançoire, qui aurait été poussée par quelqu’un alors qu’il n’y aurait aucun enfant dessus. Puis j’ai lu les paroles de la chanson. Elle parle de la mer grise et des étoiles qui brillent, faisant gonfler quelque chose qui ressemble à de l’espoir dans le cœur. Mon idée s’est alors un peu transformée. Il y a toujours la notion d’absence, mais j’ai essayé de faire quelque chose d’un peu onirique et romantique, qui amène à rêver. D’ailleurs, le groupe a choisi le tableau de Caspar David Friedrich, Le Voyageur contemplant une mer de nuages. Il représente parfaitement l’ambiance.

Musique 10 : space orphan par foxtails

Ce titre là ne m’a absolument rien inspiré ! J’ai fini par représenter le mélange du nom de la musique et de celui du groupe, à ma sauce. Cela donne un renard orphelin dans l’espace… 🦊

Il y a quand-même quelque chose d’angoissant dans ce dessin, tout comme dans la musique, au moment où la chanteuse ne semble plus rien maîtriser et perd son sang froid. Le pauvre Renardo part à la dérive, impuissant, et il ne paraît pas très rassuré par le sort qui l’attend 🧑‍🚀 🪐.

Musique 11 : Infernal par Emily Jane White

Ce titre est plutôt sympa. Une fois de plus, je perçois de la tristesse dans le morceau et je me suis demandée pourquoi je ne peux rien voir de gai quand j’écoute de la musique. Mais il s’avère, après plusieurs écoutes et lecture des paroles, que le texte est bel et bien déprimant ^^. J’ai pensé au volcan lorsque j’ai entendu « ashes fall ».

J’ai essayé de travailler dans un style plus simple, avec contours et aplats de couleurs, style manga. Ça m’a pris un temps fou.

Musique 12 : Elastic Astral Peel par Dustin Wong & Takako Minekawa

Ce titre est assez original. Il m’évoque tout à la fois l’étrange, la magie et les ovnis. Diatomée m’a fait remarquer que l’on entend comme des chats qui miaulent. J’ai alors eu l’idée de dessiner des chatons musiciens (le déroulement de la musique me fait penser à une fanfare, une procession musicale) qui enverraient leur magie sur le monde des Hommes depuis le ciel, après être sortis de leur vaisseau. J’ai essayé d’incorporer de l’humour et du rêve, d’où le vaisseau en forme de poisson, les couleurs pastels et les bulles.

Musique 13 : Where we’ve been par Friko

J’adore ce titre ! C’est typiquement le genre de pop-love que j’aime avec le chanteur à la voix un peu torturée et l’ambiance mélodramatique. D’ailleurs, tout va un peu à vau-l’eau vers la fin. Ce passage chaotique apporte quelque chose à la musique (et à mon interprétation illustrée), mais il gâche un peu l’ensemble je trouve.

Bref, j’ai capté des mots ou des sentiments qui m’ont amenée à dessiner cette petite BD : d’abord la rencontre avec coup de foudre, ensuite un doux moment de partage, puis le chaos avec la perte et enfin, l’acceptation et le retour au calme.

J’ai essayé de traiter l’image en couleurs et en noir et blanc. Et j’ai appliqué des trames, pour le style bande dessinée. Je ne sais pas quelle version je préfère.

Musique 14 : Nega do obaluae par Wando

J’ai beaucoup moins apprécié cette musique qui ne m’a pas évoqué grand chose, si ce n’est la chaleur et la danse. J’ai commencé par tracer des lignes de couleurs en piochant dans les tons chauds. J’ai testé deux ou trois pinceaux (sans succès), puis j’ai ajouté la danseuse. N’ayant pas réussi à lui faire une jolie robe à volants, je l’ai représentée nue. Je voulais qu’elle soit tout en silhouette, comme dans un contre-jour sous un soleil intense.

Musique 15 : Lover’s souvenir par Tom McRae, avec Rose

Cette chanson est drôlement triste. Je l’aime bien, mais elle est à se pendre. Une fois de plus, le dessin promettait d’être sombre. En même temps, il y a comme une nostalgie dans ce titre, nostalgie qui renvoie à des souvenirs heureux… Pourquoi pas à celui de la rencontre des deux êtres aimés, il y a des années de cela, au milieu des arbres et des grattes-ciel de Central Park, à New York. Et comme la chanson, aussi bizarre que cela puisse paraître, commence par « L’hiver », et parle d’un oreiller de neige (« pillow white »), pourquoi pas une boule à neige pour se remémorer ce merveilleux souvenir d’amour ? Voilà comment j’ai ramené un peu de bonheur dans ce titre déprimant.

Et bien sûr, Diatomée m’a bien aidée, car je ne sais pas pourquoi, mais je vois les objets en 2D dans ma tête. Aussi, ma boule était-elle un simple cercle et je ne parvenais pas à lui donner de volume ni de reflets. Et il est clair que je ne sais pas utiliser les outils de Procreate.

Petite référence, avec le mot « Serendipity » (la sérendipité, qui est le fait de découvrir une chose de manière inattendue et qui s’avère fructueuse), aux jolies histoires d’amour pour lesquelles le destin a frappé aussi sûrement que la foudre pour réunir deux âmes sœurs.

Voilà pour la première partie de ce défi de dessin. Je suis déjà à bout de souffle et d’inspiration, si l’on peut dire. Il me reste deux mois pour trouver encore un titre et réaliser 15 autres créations 😱. Cela ne va pas être facile. Pour l’instant, ce sont toujours les mêmes éléments qui reviennent : de l’eau, des nuages, des personnes. Il va peut-être falloir que j’appréhende les prochaines chansons de manière plus positive et audacieuse. On verra bien ce que je peux sortir de ma caboche… En 3 dimensions si possible ! 🦦