Les お土産
Un petit peu de culture japonaise aujourd’hui. Nous allons parler de l’omiyage (お土産), le cadeau que l’on rapporte à ses proches au retour d’un voyage.
L’histoire du お土産
L’apparition du お土産
L’apparition du お土産 remonte à l’ère Edo, où les prières dans les temples étaient difficiles à mettre en oeuvre parce que les villages se trouvaient trop loin.
Du coup, les gens avaient coutumes de réunir leur argent et leurs offrandes pour les donner à un seul villageois qui devenait le messager de tous. Cette personne se rendait seule au temple ou au sanctuaire, et elle y priait et y déposer les offrandes pour tous.
Lorsque ce messager revenait au village, il rapportait à chacun des villageois des amulettes de papier, appelées miyage, provenant du temple. Miya est la prononciation de 宮, le sanctuaire; et ke la prononciation de 笥, la boîte pour offrandes. Ce deuxième kanji se lit ge lorsqu’il est associé au premier.

La tradition s’est perpétuée et est devenue commune pour tous les voyages.
L’écriture du mot お土産
Vous allez me dire : « C’est bizarre, tu nous dis que l’omiyage est une offrande de sanctuaire, mais on ne retrouve pas du tout les kanji que tu nous montres dans l’écriture du mot ! »
Et effectivement, l’écriture du mot a changé au fil du temps.
D’abord, un « o » honorifique a été ajouté. Ensuite, les kanji ont été remplacés.
En effet, même si l’idée de cadeau au retour d’un voyage est toujours présente, les gens ne rapportent plus les amulettes de papier des sanctuaires. Les kanji utilisés originellement pour écrire le mot sont donc devenus incorrects. Les cadeaux choisis se sont diversifiés et sont devenus moins traditionnels. Le seul mot d’ordre du お土産 est finalement d’être un produit local permettant d’identifier facilement sa provenance et de ce fait, le lieu d’où revient celui qui a voyagé.
Les kanji 宮 et 笥 ont donc été remplacés par les kanji de la terre, 土, et du produit, 産. La lecture du mot reste pourtant inchangée, car profondément inscrite dans les moeurs japonaises.

Ainsi, le mot se prononce toujours omiyage et non pas otsuchisan ou odosan selon les prononciations des nouveaux kanji utilisés pour l’écrire.

Mais le お土産 correspond bien à un produit local offert au retour d’un voyage !

La différence entre les お土産 et les autres cadeaux
Le souvenir
À première vue, le お土産 semble être un souvenir de voyage comme nous autres occidentaux avons l’habitude d’en rapporter. Sauf qu’en fait, il y a quelques différences importantes entre les deux !

En somme, dans la culture japonaise, les お土産 montrent l’attachement que l’on porte à ceux à qui on les offre, ainsi que la reconnaissance que l’on a envers eux d’être, par exemple, restés à la maison pour prendre soin de nos affaires, ou d’avoir travailler à notre place, ou encore d’avoir gardé notre chat, etc, pendant que nous, on profitait d’un voyage.
Le temiyage 手土産
Le 手土産 est une autre sorte de cadeau faisant partie de la culture japonaise. Il s’agit d’un cadeau que l’on apporte à quelqu’un qui nous a invité, soit chez lui, soit à sortir.
Encore une fois, ce n’est pas tellement comme le cadeau que l’on apporte en France ou dans les autres pays occidentaux. Il convient de respecter quelques règles pour offrir son 手土産 et ainsi s’assurer de montrer à son hôte toute la reconnaissance qu’on lui porte.
À première vue, étant donné qu’il y a le kanji de la main dans le mot (手), on pourrait s’attendre à ce qu’il s’agisse d’un cadeau fait main. Eh bien, non. Du moins, pas pour tout le monde. Il faut vraiment que tu sois proche de ton hôte pour que tu puisses te permettre de lui offrir quelque chose que tu as cuisiné ou tricoté toi-même !
Par contre, il faut éviter d’acheter quelque chose à la dernière minute, à l’épicerie du coin, car ton hôte s’en rendra forcément compte et il pensera que tu n’accordes pas d’importance à son invitation.
Si tu offres le 手土産 chez ton hôte, parce que c’est là qu’il t’a invité, enlève-le de son emballage (sac de transport, sac en papier, etc), car il est impoli de donner cet emballage. Il signifie que tu caches ton coeur et que tu manques d’honnêteté. Garde le sac avec toi ! Plie-le dans ta poche ou tiens-le à la main. Ne demande à le jeter à la poubelle que si tu connais bien ton hôte.
En revanche, si on t’a a invité à sortir, tu dois offrir le 手土産 à l’extérieur, dans son sac (de papier de préférence), en tenant les poignés et le bas du sac afin qu’il soit plus facile à être récupéré par ton hôte. Si tu offres ton 手土産 dans ces conditions, excuses-toi de le donner dans un sac avec la phrase suivante :
袋(ふくろ)のままで 失礼(しつれい)します1。 Je suis désolé que ce soit encore dans le sac de papier.
Lorsque tu offres des fleurs à ton hôte, donnes-les lui à l’entrée du domicile, sur le pas de la porte. N’attends pas d’être entré dans la pièce où se déroule l’évènement auquel tu as été invité.
Si tu offres autre chose que des fleurs, tu peux te permettre de le donner une fois à l’intérieur de la pièce.
Voilà pour les 手土産, revenons-en aux お土産 !
Rechercher les お土産
Trouver des お土産 pour tous ses proches peut devenir un véritable cauchemar si l’on est pas organisé !
J’ai trouvé quelques conseils pour bien préparer sa recherche d’お土産 lorsque l’on part en voyage :
- Faire une liste des personnes qui recevront un お土産 :
- ceux qui vivent dans le même pays que toi et que tu verras au retour (famille, amis, voisins proches, collègues)
- ceux qui concernent directement le voyage, si c’est un voyage d’affaires (patrons, interprêtes, etc)
- ceux qui t’accueillent sur place (famille d’hôtes), à ce moment-là, il faut leur offrir un cadeau de ton pays d’origine !
- ceux qui se sont occupés du voyage, pour peu que tu les connaisses (profs de langue).
- Faire une liste d’achats à prévoir : le mieux est de prévoir le même type de cadeau pour tout le monde, pour faire moins de boutiques, et de préférence quelques spécialités culinaires régionales, pour ne pas encombrer les gens avec des objets inutiles.
- Prévoir assez de place dans les bagages. Penser peut-être même à une valise supplémentaire !
- Prévoir un budget : tu peux compter entre 15 et 40€ par personne (entre 2000 et 5000¥ si tu pars au Japon !). Un présent trop coûteux peut causer de l’embarras.
- Prévoir au moins une demi-journée de shopping.

Quelques infos à ne pas oublier sur les お土産
Un お土産 doit être offert dans un emballage soigné et attrayant. L’emballage fait partie intégrante du cadeau.
Au travail, les お土産 destinés à une personne en particulier doivent être offerts en privé alors qu’un cadeau collectif doit être mis en évidence pour que tout le monde puisse le voir et le découvrir en même temps.
Il est préférable de ne pas attendre que la personne ouvre son お土産 devant toi. Au Japon, ça ne se fait pas trop.
Il faut de préférence offrir l’お土産 à deux mains, c’est plus poli et ça rend le geste plus chargé de reconnaissance.
Attention, au Japon le chiffre 4 est de mauvais augure parce qu’il se prononce shi, comme le mot « décès ». Il est donc préférable d’éviter d’offrir des biscuits vendus par 4 !
Au Japon, il est très fréquent que les gens refusent le cadeau. Il ne faut pas le reprendre ! Au contraire, il faut insister pour l’offrir quand-même. En effet, les gens à qui on offre un お土産 s’attendent en fait à ce qu’on leur en ramène un. Ils le refusent par politesse parce qu’ils savent bien que tu vas insister jusqu’à ce qu’ils craquent. En vérité, ils en ont trop envie de ce cadeau !
Si tu pars vivre au Japon et que tu as l’occasion de voyager, respecter cette tradition d’offrir des お土産 pourra te permettre de créer des relations avec les gens.
Pour finir sur l’art d’offrir un お土産, il faut savoir qu’il est préférable de ne pas commenter le cadeau. Il vaut mieux éviter d’assurer à celui à qui on l’offre qu’il va forcément lui plaire.
Au contraire, les japonais utilisent des formules d’hésitement, de modestie, du genre :
- お 口(くち)に 合(あ)うかどうかわかりませんが。 Je ne sais pas si cela sera à votre goût, mais...
- お 気(き)に召(め)すと 嬉(うれ)しいのですが。 J'espère que vous aimerez ça...
- 心(こころ)ばかりですが。 C'est simple, mais...
- ほんの 気(き)持(も)ちですが。 Ce n'est pas grand chose, mais...
- 評(ひょう)判(ばん)のお 菓(か)子(し)と 聞(き)きましたので。 J'ai entendu dire que c'était une friandise populaire...1
Les meilleurs endroits pour trouver des お土産
- Les gares
- Les grands magasins
- ¥100 Magasins (petits budgets)
- Les librairies
- Les attractions touristiques
- Les rues commerçantes
- Les aéroports
À Tôkyô :
- Oriental Bazaar, à Harajuku : depuis 1916, il est l’un des magasins d’お土産 les plus populaires au Japon. Prix modérés. Objets tradtionnels en tout genre. Pas de nourriture.
- Nakamise, à Asakusa : très « peuplé » ! On peut y trouver tous les types d’お土産.
- Ameyoko, centre-ville traditionnel (下町) à Ueno, proche de la station de trains : jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, c’était un quartier de boutiques de sucreries (son nom était alors Ameya Yokochou (飴屋横丁), « the candy shop alley »). Aujourd’hui, on y trouve des vêtements, des bijoux et des chocolats.
À Osaka :
- Umeda : gigantesque quartier commerçant au Nord.
- Namba : autre quartier commerçant, vers le Sud, avec des magasins en tous genres.
- Shinsaibashi : grande galerie commerciale.
À Kyoto :
- Centre d’artisanat : magasins avec des nombreux objets d’arts traditionnels (poupées en bois, papiers, cosmétiques, katana, perles, vêtements, sucreries) directement expédiés à l’étranger pour éviter de trimbaler une grosse valise.
- Taramachi Street Shopping Arcade : magasins de vêtements surtout.
Et voilà, tu sais tout sur les お土産. Vas-tu en rapporter à tes proches quand tu iras au Japon ? J’imagine que même s’il ne s’agit pas de l’un de nos souvenirs occidentaux classiques, on ne peut pas résister à la tentation de ramener un お土産 pour soi-même !