Akemi no sekai

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Inktober 2019 · 💖 Siècle Bleu de Jean-Pierre Goux

J’ai dû rêver trop fort de Michel Bussi

Publié le 30/09/2019 dans Lectures.

Petit point sur ma dernière lecture, J’ai dû rêver trop fort de Michel Bussi.

Je sais que cet auteur est très en vogue en ce moment, mais ce n’est pas pour cette raison que j’ai lu le roman. Je l’ai tout simplement trouvé dans la boîte à livres du quartier !

Résumé de l’histoire

Couverture du roman orangée représentant la silhouette d’une hôtesse de l’air, un guitariste et une hirondelle.

Nathalie, 53 ans, hôtesse de l’air, est tout à coup confrontée à une série de coïncidences cruelles lui évoquant un épisode passionnel vécu 20 ans auparavant. Elle cherche à découvrir pourquoi et comment tous ces événements viennent la forcer à se rappeler, tout en essayant de balayer les regrets qui la submergent.

L’histoire est partagée entre deux temps :

Points négatifs

Le parti à prendre

Ce que j’ai trouvé le plus difficile à supporter dans ce roman, et qui m’a fait me demander si j’avais aimé la fin ou pas, c’est que Nathalie rencontre le grand amour fugace alors qu’elle est mariée et a déjà une fille.

Je n’aime pas la sensation que j’ai ressenti en lisant, à savoir : attendre avec impatience de savoir si son aventure va être vécue, si ce mystérieux guitariste est attiré par elle, s’ils vont pouvoir fusionner; tout cela en me rappelant avec un certain malaise que son mari l’attend sagement à la maison.

La morale du lecteur est mise à rude épreuve. Il me semble. Il est difficile de savoir si on doit en vouloir à Nathalie. Si son mari a raison de lui pardonner. S’il n’abuse pas un peu à ne pas lui pardonner complètement. Si on a de la peine pour lui, ou pour elle. Tout ça, tout ça…

Le conflit

Les histoires d’amour de Nathalie, ainsi que son conflit intérieur étalé sur 20 ans prennent beaucoup de place dans l’intrigue. Malheureusement, ce n’était sans doute pas assez pour accrocher un large panel de lecteurs. Comme dans chaque histoire, ceux-ci ont besoin de gros conflits, plus poignants que les interrogations d’une femme sur sa vie, pour apprécier un dénouement. Du moins, c’est ce que j’imagine en faisant le bilan de toutes mes lectures passées. Ce schéma revient toujours : il faut un gros conflit pour donner l’impression qu’il se passe quelque chose.

Du coup, dans ce roman, en plus des doutes de Nathy et de son besoin de revoir son ancien amour après toutes ces années, il faut qu’un élément indépendant de sa volonté vienne l’en empêcher définitivement avant qu’elle ne se décide pour de bon. Cela m’a un peu frustrée. Au moment où elle a l’intention de retourner auprès d’Ylian, un événement les empêche de se réunir. C’est terrible ! C’était le moment où l’on découvrait qu’après toutes ces années il l’attendait alors qu’elle allait peut-être s’apercevoir qu’en fin de compte, ce n’était qu’une ombre et une pensée qu’elle aimait encore.

La présence d’un conflit annexe, qui ajoute de la complexité et de la « méchanceté » dans l’histoire est un peu indigeste pour moi.

Le rebondissement de trop

Dans le même ordre d’idée, la révélation ultime sur le dénouement de la relation entre Nathalie et Ylian, 20 ans plus tôt (et les conséquences que cela aura eu sur leur vie à tous les deux par la suite) me semble de trop. Je ne vous révèle pas tout, je dis juste que je ne m’attendais pas à ça – tant mieux, quelque part, cela signifie que l’histoire surprend le lecteur –, mais aussi que j’ai été déçue.

Tout en étant dans la tête de Nathalie durant pratiquement tout le récit, aucune allusion n’a pu nous mettre sur la piste. Et ce n’est même pas comme si elle se refusait à y penser (sauf à un seul petit moment de rien du tout où elle pense clairement qu’elle refuse de poser une question qui semble existentielle). À moins que quelque chose m’ait échappé…

Points positifs

Les émotions

Les émotions de Nathalie sont vives et authentiques. Je pense que son personnage a été pensé pour accrocher tous les lecteurs, mais surtout ceux qui sont sensibles et qui se jettent à corps perdu dans l’histoire. C’est un peu mon cas.

Le temps que les émotions des personnages passent, le lecteur ne peut pas lâcher le roman.

Le point de vue narratif

La narration est principalement axée sur les pensées de Nathalie. Le lecteur cherche avec elle une explication, pas forcément rationnelle, aux événements qui se produisent. L’effet est réussi et on se laisse facilement prendre au jeu.

Seulement parfois, à quelques moments clés, le point de vue narratif change. Ainsi, quand Nathy appelle son ancien amant dont on ne sait pas grand-chose, sinon qu’il lui a fait jurer de ne jamais chercher à le recontacter, le point de vue change. Nous passons dans la tête de cet être insaisissable, de cet artiste envolé qui, peut-être, refusera de lui répondre au téléphone. Le suspense est presque intenable et l’excitation très grande. C’est la première fois que l’on sait vraiment ce que ce personnage pense, sans le percevoir à travers les pensées de Nathy, perverties par l’amour et les regrets. Une réussite de plus !

Le suspense

Ce qui m’amène à ce troisième point positif : le suspense.

L’histoire est découpée géographiquement et temporellement. Nathalie voyage à Montréal, Los Angeles, Barcelone et Jakarta entre 1999 et 2019. Ses deux vies se retrouvent posées sous ses yeux, en parallèle, et elle est confrontée aux conséquences de ses choix passés et présents. Ce qui fait que lorsqu’il se passe quelque chose à une époque, le récit peut s’arrêter à tout moment – souvent les moins opportuns pour un lecteur impliqué – pour redémarrer à une autre époque. L’auteur a su utiliser correctement ce jeu temporel pour rythmer le roman.

L’intemporalité

Paradoxalement au fait que le récit est partagé entre deux époques – et de ce fait la vie des personnages aussi, l’histoire est complètement intemporelle. J’entends par là que, bien que ce soit clairement établi dès le début de l’histoire, l’âge de Nathalie n’influence pas la lecture et la perception des événements par le lecteur. Au bout d’un moment, alors que tout s’enchaîne et que l’on veut savoir ce qui va se passer en 1999, alors même que l’on sait déjà quelle vie a Nathalie en 2019, on oublie complètement l’âge des protagonistes.

Je m’explique…

Les faits sont les suivants :

Une femme de 53 ans, maman de deux filles, grand-mère et apparemment heureuse avec son époux, se souvient d’une aventure qu’elle a eue 20 ans auparavant; l’amour de sa vie en fin de compte; le coup de foudre; la passion incandescente qu’elle a laissée derrière elle pour ne pas bousculer davantage son équilibre, sa première fille âgée de 6 ans à l’époque, et son mari aimant et terre à terre; son opposé dont elle a besoin pour avancer droit.

Lorsque les fils de l’histoire se lient et se délient, on oublie vite l’âge de Nathy. Ce pourrait très bien être une femme de 30 ou 35 ans qui a eu une aventure il y a 10 ans. Admettons, même si les âges des enfants ne colleraient pas trop. On s’en fiche un peu. Ce qui est important, c’est que le ressenti est authentique quel que soit le modèle et chaque lecteur peut imaginer ce qu’il souhaite. Seules les certitudes restent : la vie ne peut pas être le rêve que Nathalie a vécu pendant quelques semaines, quelques jours aux quatre coins du monde, quelques heures volées, mais jamais oubliées. Peu importe quand ou comment. Le plus important est que c’est arrivé et que chaque rêveur peut croire que c’est possible à 30, 40 ou 50 ans.

J’aime le fait que j’ai pu oublier le contexte réel pour me concentrer sur la beauté de l’amour évoqué.

La musique

L’amant de l’héroïne était guitariste à l’époque où ils se sont rencontrés. Quelques paroles de sa chanson surgissent au fil de l’histoire, comme pour nous en annoncer la fin tragique. Elle est même chantée par lui, au piano, avant d’être reprise vers la fin. C’est un beau fil conducteur qui appesantit l’ambiance au fur et à mesure. J’aime l’idée.

J’ai encore plus aimé imaginer ce titre interprété d’une certaine façon. Je ne sais même pas trop comment, je ne suis ni compositrice, ni musicienne. En tous cas, c’est certain, avec des allures de mes chansons préférées : au style pop rock, guitare, piano, voix et cœur brisés avec ambiance triste à se pendre.

Curieuse comme je suis, à la fin de ma lecture je suis allée voir sur internet si la chanson en question avait été interprétée dans la réalité. Bingo ! Elle l’a été. Vous pouvez l’écouter ici. Mais je vous préviens, si vous aviez imaginé la chanson et que vous l’aimez comme ça, ne l’écoutez pas. Cette interprétation-là me paraît un peu trop guillerette. Et surtout, trop française. Dans le bouquin, elle est chantée en anglais par Ylian, même si les paroles sont retranscrites en français. En plus les paroles diffèrent un peu. Bref… Vous êtes prévenus.

Conclusion

Comme je l’ai dit plus haut, je ne sais pas trop si j’ai apprécié la fin. Elle se veut à la fois triste et heureuse. Je trouve les circonstances des retrouvailles des personnages principaux dures à avaler et je ressens toujours ce malaise envers le mari qui tourne comme un lion en cage alors que sa femme veille son amant. C’est un peu craignos.

Il y a pourtant une pointe d’espoir pour tout le monde avant que l’on referme le livre. Nathy retrouve quelqu’un de perdu, Ylian voit son rêve se réaliser sur son lit de mort et le mari réalise que l’hirondelle (Nathalie) finit toujours pas revenir. Bizarre… Tout cela m’a laissée un peu perplexe. En fin de compte, je ne voulais pas ça. Mais je ne voulais pas non plus que tout le monde se porte comme un charme, qu’Ylian et Nathy se remettent ensemble en laissant le pauvre Olivier sur le carreau. Ce n’est pas évident tout cela. D’autant plus qu’à ce moment de l’histoire, on finit par se souvenir que les principaux intéressés ont plus de 50 ans et qu’ils ont une joyeuse famille autour d’eux.

Tout ce qu’on peut tirer de l’histoire de cette vie, c’est que « les plus belles histoires d’amour ne meurent jamais » (citation de la quatrième de couverture du bouquin) et que les sentiments sont complexes.

Très beau roman que je recommande aux plus sensibles. Ceux qui n’aiment pas trop les histoires d’amour trouveront que c’est de la guimauve dégoulinante. Qu’ils s’abstiennent donc !

Bonne lecture ! :)