Akemi no sekai

Lectures · Films et séries · Mes écrits · Samare · BD · Japonais · Créations artistiques · Bric à brac · Rédaction
À propos
J’ai dû rêver trop fort de Michel Bussi · Une place à prendre de J.K. Rowling

💖 Siècle Bleu de Jean-Pierre Goux

Publié le 23/09/2019 dans Lectures.

Il y a quelques semaines, j’ai découvert Siècle Bleu de Jean-Pierre Goux, paru en 2010.

Tome 1 – Au cœur du complot

Couverture du Siècle Bleu représentant un arc de cercle bleu sur fond noir

L’organisation clandestine Gaïa est prête à tout pour sauver la planète et l’humanité. Ses membres multiplient les opérations spectaculaires et inquiètent les gouvernements des grandes puissances. Au même moment une lutte sans merci s’engage entre les États-Unis et la Chine pour mettre la main sur un nouvel eldorado minier.

Pour cacher un scandale d’État, Washington décide de se servir d’Abel, le leader de Gaïa, comme bouc émissaire. Devenu l’ennemi public n°1, recherché pour écoterrorisme, Abel n’a pas d’autre choix que de découvrir la vérité. Vérité qui pourrait faire basculer le monde dans l’apocalypse… ou au contraire l’entraîner vers un tout autre futur, vers le Siècle Bleu.

Organisation clandestine, sauver la planète, écoterrorisme… Rien de tel pour me donner envie de lire une histoire.

Points positifs

Sauver Gaïa

Le premier point positif de ce roman est le sujet qu’il aborde, à savoir la nécessité d’un bouleversement sociétal en faveur de l’écologie, de la biodiversité, de la restauration et de la préservation de notre planète.

Ce thème extrêmement large et important est abordé avec profondeur et sans détour. Le message communiqué via le personnage principal de l’histoire, Abel, est clair : il faut se secouer et repenser complètement notre mode de vie afin de sauver l’espèce humaine et surtout la planète Terre, Gaïa. La question de la croyance en l’espèce humaine se pose. Sera-t-elle capable de changer ? Certains passages font échos à mes pensées.

J’ai ressenti le travail intensif de l’auteur qui est de toute évidence engagé dans ce combat. Si, par diverses « synchronicités mystiques », son livre peut tomber entre toutes les mains comme il est arrivé dans les miennes, il y a des chances qu’il ait marqué certains esprits.

Tous les faits relatés, qu’ils soient d’ordre écologique ou politique, peuvent provoquer de la douleur et de la colère. Ils sont pourtant nécessaires à la compréhension des motivations de l’organisation Gaïa et à l’éveil de tous.

Personnages

Les différents personnages principaux sont complexes et peuvent être difficiles à appréhender au départ. J’ai hésité à considérer cela comme un plus. En effet, au début de ma lecture, lors des échanges entre Abel et João, j’avais du mal à identifier chacun des personnages. C’était également le cas pour Carlson et Prescott.

Cette difficulté est vite passée et n’a pas suffi à me décourager de lire. J’ai fini par accrocher et par saisir chacune des personnalités au fur et à mesure de leur développement. Abel est vite devenu un personnage extrêmement intéressant, intense et impossible à quitter.

L’histoire et ses rebondissements

Il y a plusieurs moments clés de l’histoire juste avant lesquels je me disais : « Ce n’est pas possible qu’il se passe telle ou telle chose ».

Et pourtant, si.

Quand on peut deviner ce qu’il va se produire, on pourrait penser que ce n’est pas très bien écrit. Je prends plutôt cela comme une réussite. Plus l’histoire avançait et plus je saisissais les enjeux politiques et écologiques, ainsi que l’impact que tout ce gloubiboulga pouvait avoir sur les populations. À la fois dans la tête des activistes écologistes et des politiques corrompus, je comprenais les mécanismes qui pouvaient mener aux terribles événements qui se déroulaient. J’étais à la fois ébranlée, en colère et inquiète, mais aussi soulagée et remplie d’espoir à l’idée que d’autres lecteurs pouvaient également comprendre tout cela et ouvrir les yeux sur des sujets aussi graves.

Il ne faut pas se leurrer, il n’y a pas que de la fiction dans ce roman…

Certains passages sont profondément choquants et émouvants. L’auteur a bien mené le rythme de l’histoire, qui me paraissait pourtant lent au départ. À la fin du tome, je me suis précipitée pour trouver le second en priant pour qu’il soit déjà sorti – je n’avais pas vérifié avant d’entamer la lecture du premier !

Points négatifs

Ce livre m’a énormément plu, mais je lui ai quand-même trouvé quelques points négatifs. Une larme dans un océan.

La claque de la réalité

Le premier reproche que je peux faire – et qui m’a saisie dès le début de l’histoire – c’est que le roman nous envoie des vérités difficiles à supporter en pleine figure.

Lorsque je lis un roman, j’aime m’évader dans un autre monde. Un monde où les choses qui me répugnent n’existent pas. Ce roman en est, hélas, infesté. Heureusement, l’espoir et la motivation des héros est contagieuse et j’ai vite appris à espérer avec eux. Je n’irai pas jusqu’à dire que je pense désormais que tout est possible, mais je me suis dit que le message était peut-être passé auprès de certaines personnes.

La musique

Le roman est truffé de références musicales électro, style préféré d’Abel. Il est un peu compliqué, à chaque référence, de stopper sa lecture pour aller écouter le titre en question. Je ne m’en suis pas donné la peine et c’est peut-être dommage. Je ne sais pas trop.

Après avoir fini les deux tomes, j’ai découvert les playlists du roman sur le blog de l’auteur. Je me pencherai là-dessus, même si l’electro n’est pas mon style favori.

Les autres références

Dans le même ordre d’idée, je dirai que les références scientifiques, politiques, littéraires, etc (le roman en est rempli) bloquent aussi un peu la lecture. J’ai parcouru ce roman de bout en bout pour découvrir le dénouement de la lutte, la victoire de Gaïa. Maintenant que c’est fait, il faudrait que je m’y remette en m’arrêtant sur chacune des références mentionnées.

Ce point n’est donc pas totalement négatif. Bien au contraire. C’est juste que lire un roman est différent de lire un essai et ici, parfois, les deux se mélangent.

Le chamanisme

Abel est un personnage charismatique et mystérieux. Il descend d’une lignée aux pouvoirs chamaniques et a un lien fort avec la nature. Si fort que parfois, cela relève complètement du mysticisme, voire de la magie. C’est dommage parce que si un individu lambda comme moi commence à penser, en lisant ce roman, que la révolution à petite échelle peut conduire à un monde meilleur, il est fort probable qu’il finisse par déchanter. Il ne faudrait pas croire qu’on a besoin d’une bonne dose de chance et de pouvoirs mystiques pour y arriver.

Comme je le mentionnais plus haut, un bon nombre de « synchronicités » – de coïncidences – aident les héros dans leur quête. C’est étrange et cela peut paraître décourageant. Je ne sais pas si cet aspect de l’histoire était particulièrement nécessaire. J’imagine que l’auteur voulait défendre la thèse qui dit que les peuples anciens sont plus proches de la nature. Il y a certainement quelque chose de vrai là-dedans. Le décalage avec l’avancée technologique qui a mené les Hommes sur la Lune ou qui permet de hacker des systèmes de surveillance est énorme et déroutant.

Je crois que le côté mystique est ce qui m’a le plus dérangé dans le roman. Ce n’est pourtant pas grand-chose. Ça se lit comme du petit pain !

Tome 2 – Ombres et lumières

Comme je le disais tout à l’heure, je me suis dépêchée de me procurer la suite des aventures d’Abel, Lucy et Paul. Quel choc !

Couverture du tome 2 représantant les montagnes rouges du Colorado

Traqué au cœur du pays navajo, Abel Valdès Villazón, le leader du groupe écologiste Gaïa, révèle un scandale d’État espérant ainsi provoquer la chute du gouvernement américain. Cette affaire dissimule un complot bien plus vaste qui implique Pékin et le milliardaire Cornelius Fox. La Maison Blanche lance toutes les forces du pays aux trousses de Gaïa.

Aidés par un mystérieux hacker et bénéficiant peu à peu du soutien de la population, Abel et sa femme Lucy se battent pour survivre. Leur combat devient le symbole de l’opposition entre deux visions de l’Homme. La Révolution Bleue se met en marche. Les rêves d’une poignée d’individus suffiront-ils à infléchir la marche d’un monde au bord de l’effondrement ? Mafias, raréfaction des ressources naturelles, paradis bancaires, machinations d’État, menace nucléaire, Ombres et Lumières nous plonge dans les arcanes les plus secrètes de notre société.

Globalement, les points positifs restent les mêmes. Les négatifs aussi.

Un monde fini

Si l’Homme voyait la Terre depuis l’espace, il aurait conscience de sa beauté, de sa fragilité et de sa taille minuscule dans l’espace. Il serait alors profondément marqué et déciderait de la préserver à tout prix, comprenant que c’est un monde fini dont dépend sa propre survie. C’est une théorie intéressante qui est défendue dans tout le roman et mise en lumière par les propos de l’astronaute Paul Gardner, personnage très sympathique.

Malheureusement, IRL on assiste parfois à des comportements tellement idiots et autodestructeurs que j’ai encore du mal à croire que la beauté et la fragilité de nos écosystèmes puissent encore émouvoir les « incroyants », si l’on peut dire. L’idée m’a tout de même portée vers l’espoir qui était insufflé par l’histoire.

Une révolution rêvée

J’ai enragé plus d’une fois devant l’étalage de pourriture de l’humanité. Et je suis assez déçue par certaines actions des personnages qui me paraissent totalement anti-écologiques. Il me semblait que l’un des messages fort du roman était que tout le monde peut agir, à son échelle, pour préserver notre planète. Pourtant les héros dépassent parfois les bornes (inciter les gens de tout le pays à se rendre dans le désert pour une rave-party… Ça fait beaucoup de voitures).

Je n’ai pas aimé non plus la tournure que prend la « Révolution bleue ». Cela me paraît trop énorme de changer les mentalités et le monde à coup de pinceau, quelle que soit la couleur utilisée (en plus, dans la plupart des cas, la peinture est constituée de polluants atroces). Certes, les personnages ont conscience que le combat n’est pas terminé et que les humains peuvent facilement retomber dans leurs vices. Les ombres sont partout et peuvent engloutir tout un chacun.

La grotte bleue

Dans ce tome, les enchaînements de coïncidences et de chance qui offrent des opportunités aux héros sont intenses. L’explication finale me paraît légère. Le côté chamanique devient omniprésent et j’imagine que les gens qui préfèrent laisser faire les autres pour se déresponsabiliser auront vite fait de se dire : « Ah oui, ce n’était qu’un roman. De toute façon on ne peut pas changer l’esprit des gens comme ça et si les politiciens ne font rien, ce n’est pas le peuple qui va pouvoir changer quelque chose. » Quel dommage. Le message de la grotte bleue, s’il s’arrête là, ne donnera pas grand-chose.

Conclusion

Comment ça il n’y a pas de tome 3 ? Peut-être est-ce à nous d’écrire cette suite de par nos actes ? Je ne sais pas.

Je garde un œil sur Jean-Pierre Goux pour voir s’il lui prend l’envie de sortir la suite. Cela me semble indispensable.

Globalement, j’ai été émue par cette histoire et j’ai appris pas mal de trucs. Ce roman est porteur d’espoir. Ce n’est pas un manuel de survie ou la « Méthode pour changer le monde et sauver la planète ». En lisant les aventures d’Abel et Lucy et en découvrant les magouilles politiques et mafieuses, chaque lecteur doit apprendre à faire la part entre réalité et fiction. Chacun doit comprendre que des messages bien fondés – et qui manquaient sans doute – sont disséminés dans ces lignes comme des perles précieuses au fond de l’océan. L’auteur a réussi à transmettre des émotions et, je l’espère, des valeurs, tout en distrayant ses lecteurs. Ce n’est pas chose aisée. Bravo.

Pour ma part, je vais étudier un peu certains ouvrages de la bibliothèque secrète d’Abel, ainsi que des études sur l’écologie citées et l’essai publié sur le blog de Jean-Pierre Goux. Ces références m’aideront peut-être à avancer dans le bourbier qu’est devenu Samare, mon roman utopique inachevé.