Akemi no sekai

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Une place à prendre de J.K. Rowling

Publié le 17/07/2019 dans Lectures.

Ma dernière lecture en date est Une place à prendre de J.K. Rowling. Quel pavé ! Je vais noter ici mes impressions, histoire de me souvenir que j’ai à la fois repoussé et apprécié ce roman.

L’histoire

Voici un résumé global de l’histoire sans spoil énorme.

Couverture du livre, rouge et jaune, avec le titre en gros et une case cochée en plein milieu

L’intrigue se déroule entre la charmante bourgade de Pagford et la ville de Yarvil, en Angleterre. Un conseil paroissial gère quelques points importants de la bourgade et ses membres, pour la plupart, ne veulent pas la voir rallier à la commune de Yarvil dont les banlieues commencent à pululer et à déverser leur vermine (junkies, prostituées, etc) dans les environs.

L’histoire commence quand Barry Fairbrother, membre du conseil paroissial en faveur de l’intégration complète de la cité à la commune de Pagford (parce qu’issu lui-même de cette cité et confiant), meurt brutalement d’un AVC. L’histoire fait le tour de la ville, les ragots se multiplient et la nouvelle prend une ampleur considérable : une place au conseil vient de se libérer.

Commence alors un combat entre les pro Cité des Champs et les anti Cité des Champs. Les premiers veulent venir en aide aux habitants défavorisés de la banlieue en leur permettant, notamment, l’accès à une clinique de désintoxication et à une bonne école. Les seconds refusent catégoriquement de voir ces gens-là dans leur village et préfère renier la cité et la rendre à Yarvil pour ne plus jamais en entendre parler – comme si, en quittant Pagford, elle disparaitrait complètement de la carte.

Le lecteur suit ainsi la vie, les avis et les mésaventures de nombreux habitants des deux communes.

Les personnages

Il y en a beaucoup. Vraiment beaucoup… Trop même. La lecture est difficile et laborieuse au début, tant il y a de personnages à découvrir et à suivre. Certains ont en plus des surnoms qui n’aident pas forcément à les situer dans ce gloubiboulga de bourgeois, d’ados et de pauvres bougres.

Les personnages constituent à la fois un point positif et un point négatif pour ce roman.

Leur nombre étant trop important, ils gênent la lecture, rendent le livre trop long et font passer des moments ennuyeux et sans intérêt pour certains, ou des moments de gêne ou de révolte pour d’autres.

Mais c’est ce qui fait aussi la force du bouquin : toutes ces personnalités marquées, tenues du début à la fin et bien distinctes les unes des autres. On finit malgré tout par reconnaître chacun des personnages, par comprendre leurs réactions et par les anticiper aussi, parfois.

L’intrigue

L’intrigue principale est de savoir qui va reprendre la place de Barry au conseil et si ce nouvel arrivant va permettre de changer la vie des habitants de la cité. C’est assez ennuyeux. Le côté politique, décision communautaire, réunion avec les membres et avis de la commune de Yarvil, etc, est mortel. Les passages traitants de ce sujet en particulier m’ont fait détester encore davantage certains personnages. Les adultes sont là, à se poser cette question qui ne les concernent en rien : doit-on fermer la clinique de désintoxication ? Et pendant ce temps, des enfants sont perdus. Ils sont malheureux parce que leur entraîneur est mort, ils ont peur de leur père qui les bat ou d’un dealer qui fait toujours replonger leur mère, ils craignent pour la vie et la sécurité de leur petit frère ou se scarifient pour se purifier des insultes et des agressions perpétuelles de leurs camarades de classe, etc.

Aucun adulte dans cette histoire ne considère réellement les besoins et les problèmes des enfants. Ils ne pensent qu’à eux. Certains sont préoccupés par leurs problèmes personnels (faillite de leur commerce, plus d’amour dans leur couple, sentiment de vieillesse, mort de leur mari, dissimulation de leurs magouilles ou de leur TOC, etc), mais d’autres sont vraiment révoltants. Je pense en particulier au couple de vieux bourges qui se prend pour le roi et la reine du patelin. Ragots, critiques, jubilation devant le malheur des autres, humiliation, etc. De vraies pourritures. C’est l’un des aspects qui m’a le plus dérangé dans ce roman.

Et finalement, la véritable intrigue du livre ne concerne pas le poste de conseiller paroissial mais bel et bien la vie des habitants. Vont-ils s’en sortir ?

L’écriture

J.K. Rowling a un style bien à elle et la traduction en français ne doit pas aider à comprendre certains passages. Des moments clés sont vus et vécus par plusieurs personnages à la fois. Leurs perceptions peuvent parfois être mêlées ou décrites de manière décalée. Ce n’est pas toujours facile à suivre (un peu comme ces scènes coupées au couteau et réinsérées un peu n’importe comment dans le scénario des Crimes de Grindelwald, le deuxième volet des Animaux fantastiques, écrit par J.K. elle-même. J’ai pensé, en voyant le film : « Elle écrit un scénario comme elle écrit un roman ». Et en lisant ce livre, j’ai pensé : « Elle mélange tout comme dans un film ». Un vrai bordel). Certains passages sont pourtant beaux. Le style particulier et parfois « foutoir » de l’auteure n’aide pas forcément à la lecture.

Le dénouement

Le dénouement n’en est pas vraiment un. Il m’a choqué.

Les derniers chapitres sont rapides, brutaux et dramatiques. À cause de la négligence et de l’indifférence de certains adultes égoïstes et de la peur, de la volonté d’une soeur de sauver son petit frère en prenant les mauvaises décisions et de sa peine, un drame survient. La bourgade reste dans le même état létargique. Un nouveau conseiller a trouvé son siège, mais les débats reprennent à la lumière des évènements tragiques qui se produisent. Certaines vies ont implosé quand d’autres se sont racommodées. Il n’y a pas de Happy end.

Pagford et la Cité des Champs sont toujours là, remplies de familles brisées.

Mon avis

Ce roman m’a surprise. Il est ancré dans la vie terre à terre des habitants de villages anglais qui sont confrontés à la pauvreté, à la méchanceté, à la peur, à l’incompétence des parents et à l’imprévisibilité des enfants. Ce roman dépeint un portrait de la vie réelle assez dérangeant. J’ai ressenti beaucoup d’émotions contradictoires et j’ai versé une larme à la fin, mais ce n’est pas ce que je recherche quand je lis un roman, surtout un pavé pareil.

J’ai eu du mal à m’y plonger vraiment, et une fois que c’était fait, j’ai eu du mal à m’en sortir. Je suis contente de l’avoir lu, mais je préférerai passer autant de temps sur un roman fantastique ou merveilleux qui me ferait oublier un instant le monde désolant dans lequel nous vivons et me ferait rire et rêver.

Je recommande Une place à prendre pour qui a le courage de lire un roman aussi long et complexe. Pour ma part, une seule lecture me suffira je pense. Il ne fait donc pas partie de mes romans favoris (que je peux relire des dizaines de fois sans perdre une once des émotions qui m’ont habitées à la première lecture).