Akemi no sekai

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L’épée de la Providence et Le dernier voeu d’Andrzej Sapkowski · Inktober 2019

T’en souviens-tu mon Anaïs ? et autres nouvelles de Michel Bussi

Publié le 04/01/2020 dans Lectures.

En ce début d’année, je suis pas mal occupée niveau lecture. J’ai récupéré une pile de bouquins qui semblent très prometteurs. Il y a du travail !

Couverture du recueil de nouvelles représentant des roses sculptées en papier rouge et bordeau.

À la fin de l’année dernière, j’ai commencé La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben et L’esprit de la forêt de Jikiti Buinaima. Mais ce n’est pas de ces livres dont je vais parler ici. En effet, ils sont intéressants, mais ils me donnent un peu de fil à retordre. J’ai donc fait une pause en me plongeant dans T’en souviens-tu mon Anaïs ? et autres nouvelles de Michel Bussi. Il s’agit d’un recueil de nouvelles paru en 2018. Les deux premières avaient déjà été publiées auparavant. L’une – la principale, et la plus longue – en 2010, l’autre en 2015.

Les histoires

T’en souviens-tu mon Anaïs ?

Ariane quitte sa vie urbaine pour se rendre dans le village de Veules-les-Roses, en bord de mer, d’où est originaire le père de sa petite fille, qui les a quittées. L’endroit est animé par une histoire concernant une actrice du XIXème siècle qui avait fui Paris pour cacher un secret dans ce même village. Ariane ne se sent pas à l’aise dans sa maison. Elle jurerait que quelqu’un les espionne, sa fille et elle, et que cela a sans doute un rapport avec cette légende locale.

L’armoire normande

Un couple de retraités parisiens loue un gîte à la campagne. Lorsqu’ils arrivent sur place, l’ambiance leur paraît étrange. Leur hôte leur interdit de toucher à une armoire qui se trouve dans la chambre et la maîtresse de maison est introuvable. Très vite, le couple soupçonne le paysan d’avoir assassiné son épouse et de l’avoir cachée dans l’armoire.

Vie de grenier

Un écrivain spécialisé dans les crimes non élucidés se rend dans une brocante avec son épouse. Il découvre alors un étal sur lequel tous les objets – des jouets, des disques – sont identiques à ceux qu’ont un jour possédé leurs enfants. Cela l’intrigue et il se plonge d’autant plus dans ce mystère qu’il ne retrouve pas ces mêmes objets chez lui et que sa femme ne partage pas son trouble.

Une fugue au paradis

Deux jeunes femmes s’apprêtent à fêter le nouvel an à la Réunion, sur la plage au bord d’un lagon. Elles rencontrent un groupe de garçons emballés par la fête. Le lendemain matin, un homme est retrouvé mort au fond du lagon, un couteau planté dans le cœur.

Mon sentiment

Les histoires sont assez prenantes, même si je me suis rendue compte assez rapidement que le style de Michel Bussi est un peu indigeste pour moi. Avant ce recueil, je n’ai lu qu’un seul de ses romans, dont l’intrigue m’avait également transportée, mais je me rends compte maintenant que je n’avais déjà pas spécialement aimé le style.

Dans T’en souviens-tu mon Anaïs ? – et dans les trois autres nouvelles du recueil –, j’ai retrouvé quelques « manies » qui m’avaient déplues auparavant. Je vais tenter de les expliquer.

Les sauts temporels intempestifs : déjà, dans J’ai dû rêver trop fort, on oscillait entre deux époques d’une vie. Ici, l’effet est identique à part que les sauts se font sur quelques jours seulement. Dans un texte aussi court, j’ai à peine le temps de me faire à un moment que l’on est déjà passé à un autre.

Les « pensées » littérales des personnages : je vais citer un exemple, pour que ce soit plus parlant.

Je tourne la feuille. On bouge là-haut. Des petits pieds font grincer le parquet. Anaïs, du haut de ses trois ans, qui glisse dans ses chaussons.
J’arrive, ma douce, j’arrive.
Mes yeux descendent à nouveau aux derniers mots de la lettre.

Voilà, ce qui me dérange ici, c’est le « J’arrive, ma douce, j’arrive ». Je trouve ce genre de phrase, de pensée, déplacée. Forcée.

Le point de vue interne de certaines histoires : il donne l’impression que le personnage écrit dans un journal, mais sont quand-même relatées les actions soudaines. Par exemple, Ariane, dans la première nouvelle, écrit dans son journal intime ce qui se passe depuis qu’elle est arrivée dans le village. Or, les événements inattendus, qui rendent le récit palpitant, comme les coups de téléphone suspects ou l’irruption d’un homme dans sa boutique, sont relatés exactement sur le même ton, et au présent ! Le fait même de tenir un journal n’a donc plus de sens, à mon avis.

Les pensées des jeunes femmes, que ce soit quand le point de vue est interne ou omniscient : il y a toujours, à un moment ou un autre, une fille qui pense à son corps pressé contre celui d’un homme, à l’idée qu’elle n’est peut-être pas assez sexy ou qu’elle doit se montrer davantage. Cela devient étouffant, à la longue.

Les répétitions de certains éléments : la lecture parait parfois hachée et certaines informations clés sont répétées comme si l’écriture était pensée pour être accessible à ceux qui lisent de manière occasionnelle, un peu rapide, et qui doivent recoudre les morceaux vite fait bien fait pour se rappeler l’intrigue. En somme, pour ceux qui lisent 15 minutes par jour, pendant qu’ils sont dans le métro pour se rentre au boulot.

Conclusion

Pour résumer, je dirais que ces nouvelles étaient assez sympathiques, certains revirements d’intrigues m’ont beaucoup amusés et étonnés (je ne précise pas lesquels, pour vous maintenir tout le suspens), ce qui prouve que le récit était bien mené.

Par contre, je n’aime pas le style d’écriture de Michel Bussi qui me parait être travaillé pour mâcher le travail de découverte du lecteur. Les sentiments éprouvés s’en retrouvent parfois défraîchis. Et je trouve que le travail de cet auteur est plus saisissant lorsqu’il porte sur des personnages d’une cinquantaine d’années. Les personnalités et émotions des plus jeunes me paraissent artificiels à côté.

En conclusion, je ne lirai certainement plus de Michel Bussi.