Akemi no sekai

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💖 Hernani de Victor Hugo

Publié le 06/04/2020 dans Lectures.

Alors que je cherchais des informations sur le mouvement romantique en littérature, je suis tombée sur cet extrait :

Doña Sol

Je vous suivrai.

Hernani

Parmi nos rudes compagnons,
Proscrits, dont le bourreau sait d’avance les noms,
Gens dont jamais le fer ni le cœur ne s’émousse,
Ayant tous quelque sang à venger qui les pousse ?
Vous viendrez commander ma bande, comme on dit ?
Car, vous ne savez pas, moi, je suis un bandit !
Quand tout me poursuivait dans toutes les Espagnes,
Seule, dans ses forêts, dans ses hautes montagnes,
Dans ses rocs, où l’on n’est que de l’aigle aperçu,
La vieille Catalogne en mère m’a reçu.
Parmi ses montagnards, libres, pauvres et graves,
Je grandis, et demain, trois mille de ses braves,
Si ma voix dans leurs monts fait résonner ce cor,
Viendront… – Vous frissonnez ! réfléchissez encor.
Me suivre dans les bois, dans les monts, sur les grèves,
Chez des hommes pareils aux démons de vos rêves.
Soupçonner tout, les yeux, les voix, les pas, le bruit.
Dormir sur l’herbe, boire au torrent, et la nuit
Entendre, en allaitant quelque enfant qui s’éveille,
Les balles des mousquets siffler à votre oreille.
Être errante avec moi, proscrite, et s’il le faut
Me suivre où je suivrai mon père, – à l’échafaud.

Doña Sol

Je vous suivrai.

Après avoir découvert cela, je me suis tout de suite mise à lire Hernani, pièce de théâtre de Victor Hugo parue en 1830.

Lire Victor Hugo

Lire un texte de Victor Hugo, c’est comme réapprendre le français. La préface seule suffit à ressentir toute la passion et la dévotion de l’auteur pour son art et les valeurs qu’il défendait. Il avait des choses à dire et presque 2 siècles plus tard, nous pouvons encore les ressentir. Cet homme savait écrire, quoiqu’aient pu dire ses détracteurs à l’époque. Des alexandrins, des rimes suivies, croisées… Toute une pièce en poésie !

Hernani a beaucoup fait parler d’elle et de son auteur. En effet, affichée comme un drame romantique, les fervents admirateurs du classicisme ont vu d’un assez mauvais œil son arrivée qui venait rompre les codes. Alors que la pièce faisait polémique et que les hommes et les idées s’affrontaient, les différentes représentations furent un succès et Hernani devint l’une des pièces majeures de Victor Hugo et le fer de lance du mouvement romantique en France.

Résumé d’Hernani

Hernani est une pièce en 5 actes occupés par 4 personnages principaux : Hernani, Doña Sol de Silva, Don Ruy Gomez de Silva et Don Carlos. L’intrigue se déroule dans l’Espagne du début du XVIᵉ siècle.

Hernani est animé par la vengeance de la mort de son père, tué par le père du roi. Cet événement a fait de lui un banni et un bandit, et il attend de pouvoir tuer de sa main le roi lui-même. Parallèlement à cela, Hernani est épris d’amour pour Doña Sol. Nous ne connaissons pas les circonstances de leur rencontre, mais nous savons que la demoiselle est promise au mariage avec son oncle, Don Ruy Gomez de Silva. Hernani lui rend visite en cachette. Une nuit où elle l’attend, sa servante ouvre par mégarde la porte à un autre homme. Il s’avère qu’il s’agit du roi, Don Carlos, lui aussi amoureux de la jeune femme. Don Ruy Gomez de Silva les surprenant tous les trois dans la chambre de sa nièce en pleine nuit, il exige une explication et le roi invente un prétexte à sa venue. Il fait passer Hernani pour quelqu’un de sa suite, mais les deux hommes se jurent un duel.

Plus tard, alors qu’Hernani doit venir chercher sa bien-aimée pour s’enfuir avec elle, le roi prend sa place et essaie de l’enlever. Hernani le provoque donc en duel, mais le roi refuse, arguant qu’il n’est pas digne de lui d’affronter un bandit sans honneur. Il dit à Hernani que celui-ci n’a qu’à l’assassiner, comme il est coutume chez les brigands. Ne voulant pas lui donner raison, Hernani le laisse partir en lui donnant son manteau afin qu’il soit dissimulé aux yeux de ses amis bandits qui n’hésiteraient effectivement pas à le tuer s’ils le croisaient.

Le roi s’en va donc et sonne aussitôt le tocsin, mettant la tête d’Hernani à prix. Renonçant à s’enfuir avec Doña Sol, Hernani va se battre contre l’armée du roi auprès de ses camarades. Doña Sol est désespérée, elle pense ne pouvoir vivre sans lui.
Quelque temps plus tard, la jeune femme se prépare à se marier avec son oncle, Don Ruy Gomez, qui n’a toujours pas conscience du malheur de la pauvre fille et qui se réjouit de son propre bonheur. Hernani revient sous le déguisement d’un pèlerin. Demandant d’abord l’hospitalité au vieil homme, il finit par révéler son identité, désespéré par le mariage de sa bien aimée. Sa tête étant mise à prix, il espère ainsi être livré au roi et voir ses souffrances abrégées. Don Ruy Gomez ne l’entend pas ainsi. La loi de l’hospitalité étant sacrée pour lui, il fait barricader son château pour protéger Hernani. Alors qu’il s’absente pour vérifier les protections, Hernani renouvelle ses sentiments à Doña Sol. Ils sont surpris par Don Ruy Gomez qui est choqué et furieux. Au nom de son honneur, il ne trahira cependant pas Hernani, même lorsque le roi annonce son arrivée.

Don Ruy Gomez cache donc Hernani et le roi lui demande de lui livrer sa tête, ou bien c’est la sienne qui tombera. Il refuse, pour l’honneur. Le roi est impressionné, il lui laisse la vie sauve, mais il enlève Doña Sol. Don Ruy Gomez veut la récupérer, tout comme Hernani. Les deux hommes s’associent donc pour aller la récupérer. Hernani promet néanmoins de payer sa dette et de laver son honneur. Il offre à Don Ruy Gomez de le tuer, quand il lui plaira, après que toute cette histoire sera réglée. Pour sceller cet accord, il lui remet son cor personnel que le vieil homme n’aura qu’à faire chanter pour réclamer son dû.

Les deux hommes s’organisent donc pour défaire le roi, et ce, avant que celui-ci ne soit élu empereur. Leur magouille est déjouée par le roi au moment même où il apprend qu’il est désormais l’empereur Charles Quint. Inspiré par son nouveau statut et l’aura de Charlemagne qui pèse autour de lui, Don Carlos pardonne aux scélérats qui voulaient le tuer et promet même Doña Sol en mariage pour Hernani, qui retrouve son nom et ses biens de nobles.

Les deux jeunes gens s’en vont donc se marier. Malheureusement, Don Ruy Gomez souffre d’avoir été abandonné par sa promise. Il utilise donc le cor d’Hernani, le soir de leurs noces. Ne souhaitant pas impliquer la jeune femme, Hernani veut en finir rapidement. Don Ruy Gomez lui propose de mourir par le poison ou par le poignard, lui-même usant du moyen restant après lui. Hernani choisit le poison. Doña Sol les surprenant, un conflit s’ensuit et la jeune femme subtilise le poison, qu’elle boit à moitié, signant ainsi ce qu’elle déclarait depuis le début de l’histoire, à savoir qu’elle ne pouvait vivre sans son amour Hernani. Celui-ci, désespéré, boit le reste de la fiole et tous deux meurent sous les yeux de Don Ruy Gomez. Ils souffrent, mais ils sont heureux d’être réunis et de s’aimer jusqu’à la fin. Le vieil homme, affligé de chagrin, s’ôte la vie avec le poignard. Ainsi se termine l’histoire.

Mes impressions

Ce que j’ai aimé

Comme je l’ai évoqué plus haut, j’ai particulièrement apprécié l’écriture poétique du texte. Parfois difficile à saisir, il oblige à une lecture minutieuse et consciencieuse. Il est même plus agréable de lire les vers à haute voix.

Les propos tenus, du style « ancien temps », rendent les personnages profonds et soignés. Même lors d’une provocation en duel ou de railleries, les protagonistes utilisent un langage soutenu et travaillé. Cela permet une immersion complète dans les mœurs et donc dans l’histoire.

Certains passages de l’histoire sont assez comiques, ce qui est un des points les plus précieux du texte.

J’aime, de manière générale, les belles histoires d’amour. Même si l’on ne sait pas comment les deux amants se sont rencontrés, ni pourquoi ils aiment, si différents soient-ils, leur relation passionnée est belle. On ne peut pas dire que tout finit bien, mais ils sont heureux jusqu’au bout et ils s’aiment jusque dans la mort. En effet, dès la deuxième scène du premier acte, dans l’extrait cité en introduction, Doña Sol offre sa vie à Hernani en annonçant qu’elle le suivra, même jusque sur l’échafaud. Évidemment, la fin dramatique de leur histoire y ajoute un cachet supplémentaire, d’autant plus que lorsqu’Hernani comprend que sa fin est venue, au son du cor, son épouse, elle, fait état de son bonheur au son de cette musique qu’elle reconnaît.

Ce que j’ai moins aimé

La complexité du contexte historique lié à la nomination de l’Empereur, ainsi que les monologues de Don Ruy Gomez et de Don Carlos sont ce que j’ai le moins apprécié. Il fallait bien un contexte au drame amoureux cependant. Ce n’est donc qu’un petit point noir.


Je recommande cette lecture, une fois n’est pas coutume. Et je pense même lire d’autres textes de Victor Hugo. Depuis le collège et le lycée, où nous étions bien obligés de nous conformer à cet exercice, j’avais oublié à quel point ses œuvres sont agréables. Quand on est une romantique comme moi, qui ne peut s’empêcher d’intégrer un peu d’amour dans toutes les histoires et qui peut parfois paraître un peu trop passionnée, lire les écrits de Victor Hugo est sans doute le meilleur moyen d’acquérir un « ressenti » permettant de développer mon propre style d’écriture.