Akemi no sekai

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Le compost · Notes sur exoplanètes 2/2

Petit traité de vie intérieure de Frédéric Lenoir

Publié le 15/05/2020 dans Lectures.
Couverture du livre, bleue avec une colombe.

Ce petit traité de philosophie de moins de deux cents pages se lit tout seul, comme l’eau s’écoule dans le lit d’une rivière. Concentré de recherches et d’expérimentations personnelles de l’auteur, il nous donne des pistes de réflexions et aborde des concepts pour répondre à la question : « Comment se connaître et s’aimer soi-même ? », ou encore « Ma vie a-t-elle un sens ? », ou bien, plus généralement « Qu’est-ce que le bonheur ? ».

L’auteur a découpé son ouvrage en points clés donnant des pistes pour atteindre une paix et un bonheur intérieur. Je vais tâcher de retranscrire ici ces notions et les commenterai parfois – je n’ai pas toujours de choses à en dire –, pour me rappeler ce que j’en ai pensé durant ma lecture.

Préface du traité

« Exister est un fait, vivre est un art. » – Frédéric Lenoir

Frédéric Lenoir nous dit que le savoir-être, qui consiste à relever des défis intérieurs, provient de l’éducation.

Pendant longtemps cette éducation était prodiguée par la religion et appliquée sans discussion, sans réflexion. Or, aujourd’hui la religion étant moins présente, l’humain cherche des « clés de sagesse universelle » dans la philosophie. Il apprend à vivre, plutôt que de suivre le simple cours de l’existence. Pour ce faire, il a besoin de s’attarder sur certains points de son existence intérieure.

Accepter le « donné » de la vie

Le « donné » de la vie, c’est ce qu’on ne peut contrôler, qui ne dépend pas de nous (notre famille, notre corps, notre époque, etc). Cela constitue en quelque sorte le « sort de l’être humain ». Il faut d’abord accepter cela, puis chercher à évoluer sans ressentiment.

Le stoïcisme, porté par Zénon dans l’Antiquité, nous apprend que « la sagesse commence par l’acceptation de l’inévitable et se poursuit par la juste transformation de ce qui peut l’être. » Les philosophes emploient la métaphore de la persona – du masque, pour illustrer cette idée. Ce qui nous appartient est de bien jouer le rôle qui nous a été donné par un autre, savoir habiter le masque de comédien en choisissant, non pas son rôle, mais la manière de l’endosser.

Le Bouddha, quant à lui, préconise que nous ne pouvons atteindre une véritable sérénité que par la connaissance de soi et un travail de transformation profonde.

Il faut être capable d’accepter ce qui ne dépend pas de nous, y trouver du positif et savoir transformer ce qui ne nous rend pas heureux ou est source de tension. Bien des souffrances viennent de la négation et de la résistance au changement.

Mon commentaire :

Tout cela semble relever du bon sens, mais ce n’est pas toujours simple à appréhender. Il ne faut pas oublier, quand on identifie ce qui nous est « donné » et ce qui ne nous rend pas heureux, à commencer les transformations nécessaires rapidement, sous peine de tomber dans le fatalisme.

Avoir confiance en l’existence

L’idée générale est simple : plus nous percevons le positif, plus la vie nous semble belle et lumineuse.

La confiance permet de lâcher prise et de mieux profiter de la vie. Accepter qu’on ne peut pas tout contrôler, que nous n’avons pas une maîtrise totale sur notre vie, permet de plus apprécier cette dernière.

Prendre ses responsabilités

Après le travail d’acceptation de ce qu’est notre vie, il faut en devenir responsable. Il nous appartient de développer les capacités reçues, de corriger un défaut, de nous lier aux autres, etc. Se rendre responsable de ces aspects de notre vie nous rend libres. Si l’on aspire à la liberté, nous devons agir sur notre vie, en prendre pleinement la responsabilité (Cf. Jean-Paul Sartre dans L’existentialisme est un humanisme, 1946).

Cette responsabilité ne se conçoit pas uniquement vis-à-vis de nos actions intérieures. Réaliser que nous sommes aussi concernés par les autres nous rend responsables vis-à-vis d’eux également. Il nous faut apprendre et accepter que nos actes ont des conséquences. La conscience de la responsabilité individuelle conduit à la conscience de la responsabilité collective.

Agir

« Nous sommes nés pour agir », disait Montaigne dans ses Essais. S’engager dans la vie équivaut à agir.

L’épanouissement de l’esprit s’acquiert par l’investissement et l’accomplissement de quelque chose. Spinoza soulignait que l’action est « comme la nature même de l’Homme ».

Frédéric Lenoir insiste quant à lui sur le fait que l’aboutissement ultime est la créativité artistique. L’artiste investit son projet de sa subjectivité et de son ressenti personnel, cela devient une activité symbolique qui s’adresse au plus profond de l’être. Il faut néanmoins se méfier de l’hyperactivité. Trop agir rend au contraire improductif. Il est important de penser à se ressourcer, à faire le vide.

Silence et méditation

Il faut reposer son mental comme on repose son corps par le silence et la méditation qui peuvent amener à la contemplation, « le plus parfait bonheur de l’homme » selon Aristote.

Exercice de méditation :

Métaphore de la montagne : la montagne est le méditant, le sommet sa tête obstruée de nuages (les pensées). Le vent chasse les nuages (le souffle repousse les pensées). Au bout d’un moment, le sommet est dégagé et le ciel de nouveau visible. On est en paix.

Mon commentaire :

J’aime cette idée. Je voudrais essayer cet exercice de médiation, mais il me semble difficile de m’y mettre. Pourtant, je crois que ce peut être bon pour l’esprit. Il me semble difficile de faire le vide, car en se concentrant sur sa respiration, c’est finalement à cela que l’on pense ! Pourtant cet exercice paraît important pour relativiser les choses et se détendre immédiatement, à force de pratique, lorsque l’on sent la colère nous envahir.

Connaissance et discernement

Discerner ce qui est bon ou mauvais pour nous amène à la recherche de la vérité. Cette dernière s’acquiert par la connaissance. Agencer et analyser les connaissances permet de faire preuve de discernement et de prendre des décisions raisonnées.

Il existe en effet, selon l’auteur, deux types de discernement :

Ce discernement raisonné se développe en remettant en cause ce qui nous a été appris par le biais de l’éducation, de la religion, de la société, etc. C’est l’esprit critique.

La connaissance et le discernement rendent l’homme libre, car il agit sur ses choix et se développe dans un monde qu’il peut maîtriser.

Se connaître soi-même

Apprendre à se connaître soi-même, c’est apprendre à connaître l’ensemble de l’humanité. Identifier et comprendre les tensions qui sont en nous, c’est comprendre comment elles se jouent dans tout un chacun.

La littérature moderne permettrait de connaître l’homme à travers des personnages.

Les vertus

Une vertu ne peut être considérée comme telle que si elle est présente dans une juste mesure, située entre deux extrêmes nuisibles. En effet, l’excès et l’ascèse (la privation) d’une vertu, la font périr. Si l’on est courageux à l’extrême, on en devient dangereux. Au contraire si l’on manque de courage, on en devient lâche. Il faut être modéré. Cette modération conduit, selon le Bouddha (Cf. « La Voie du Milieu »), à la paix, la sagesse et l’éveil.

Selon Pythagore, les vertus à cultiver sont l’austérité, le courage, la modération et la maîtrise de soi.

Aristote ajoute que les vertus s’acquièrent et se cultivent tout au long de l’existence pour mener au bonheur. Il préconise la prudence, la tempérance, le courage et la justice.

L’Église a, quant à elle, repris les vertus aristotéliciennes en y ajoutant la foi, l’espérance et l’amour.

Les vertus se cultivent, mais il nous appartient de choisir si nous voulons assouvir certains désirs sans limite. Nous déterminons nous-mêmes la limite entre le Bien et le Mal. Il faut s’exercer et s’habituer à être vertueux.

La liberté

La liberté de croyances est récente dans l’histoire de l’homme, et parfois encore absente dans certaines sociétés modernes. La liberté de choix de vie également. À une époque, il était systématique de reprendre le travail de son père, de se marier selon les vœux de sa famille, etc. Aujourd’hui, dans certaines sociétés, c’est différent. L’homme n’est pourtant pas pleinement libre. Extérieurement, le trop grand nombre de choix l’enferme encore dans la difficulté à choisir.

Il n’y a pourtant pas que cet aspect qui réduit sa liberté. La liberté intérieure est tout aussi importante. La soumission à nos passions, nos désirs inconscients ou nos liens refoulés nous rendent esclaves de notre esprit, prisonnier de nous-mêmes.
L’ignorance est cause de tous les maux (Socrate), donc en prenant conscience de soi, nous nous libérons du vice.

L’homme ne naît pas libre, il le devient en sortant de l’ignorance, en apprenant à discerner le vrai du faux, le Bien du Mal, le juste de l’injuste ; en apprenant à se connaître, à se maîtriser, à agir avec sagesse et compassion.

L’amour

Il existe deux types d’amour important pour être heureux :

Selon Aristote, l’amitié est « ce qu’il y a de plus nécessaire pour vivre ». Le meilleur ami est celui qui nous souhaite du bien de manière complètement désintéressée, uniquement par amour. Ressentir cela pour soi-même permet, in fine, de l’étendre aux autres. Car s’aimer soi-même est absolument différent d’être égoïste si l’on prend conscience que l’on doit commencer par s’aimer soi-même pour être capable d’aimer les autres.

Si l’on se sous-estime, nous ne pouvons avoir d’estime pour les autres. Si l’on ne se respecte pas, nous ne pouvons avoir de respect pour les autres. Si l’on ne s’aime pas, nous ne pouvons aimer les autres.

L’amour s’apprend grâce à l’amour reçu des autres lorsque nous étions enfants, par exemple, car cela nous renvoie une image positive de nous-mêmes. Il s’apprend également par l’amour d’autrui, même plus tard dans la vie, car cela peut permettre de corriger un manque de jeunesse.

L’auteur souligne aussi que des thérapies peuvent aider à s’aimer soi-même, en passant par la compréhension du manque d’amour de notre jeunesse.

Mon commentaire :

La proposition de thérapie de l’auteur et la façon dont il en parle tout au long de l’ouvrage me convainquent finalement que ce peut être utile et libérateur pour certaines personnes. Identifier et comprendre ses blessures peut amener à découvrir ce que l’on a accompli grâce à elles, ce que nous n’aurions peut-être jamais fait si elles avaient été absentes de notre âme.

« Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l’on te fasse. »

Ceci constitue le socle universel de la morale, la règle d’or. C’est le fondement naturel de toute relation à autrui. Cette maxime, pour peu qu’on la lise dans l’autre sens, peut nous pousser à agir et par là même, à nous épanouir. « Fais à autrui uniquement ce que tu aimerais que l’on te fasse. »

Mon commentaire :

À nuancer toutefois, car tout le monde n’aime pas les mêmes choses et faire à quelqu’un quelque chose qu’il n’apprécie guère n’est pas terrible.

Amour et amitié

Maintenant que l’on sait comment s’aimer soi-même, que ce sentiment nous relie aux autres, et que nous appliquons implacablement la règle d’or vue juste au-dessus, nous sommes en mesure d’avoir des amis.

L’ami est quelqu’un que l’on choisit et qui nous choisit. Ceci constitue une base solide. Selon Aristote, l’« amitié parfaite » exige du temps, de la stabilité, des habitudes, des passions communes, un partage des plaisirs. Elle est indispensable pour être heureux. Les amis doivent être peu nombreux, car l’investissement personnel est réel.

L’amitié se résume à « une seule âme résidant en deux corps ». De nos jours, nous parlons d’âme-sœur, dont la présence nous fait du bien et avec laquelle nous avons des projets communs qui nourrissent notre relation et la font grandir. L’ami réel ne peut être une personne que l’on croise occasionnellement ou à qui l’on parle de temps en temps. Il ne peut y avoir de relation déséquilibrée dans laquelle une personne donne tout tandis que l’autre se force à entretenir le lien. La réciprocité est importante. Les deux parties doivent tirer le même plaisir de la relation, partager réellement les émotions et les sentiments sans que l’un se force pour faire plaisir à l’autre.

Cette description de l’amitié amène à penser qu’il y a forcément une relation amicale dans une relation amoureuse. L’amour passionnel fondé sur les désirs sexuels ne peut être le ciment d’une relation durable. C’est l’amitié qui soude un couple amoureux.

Il y a, selon Socrate, une échelle de l’amour, partant des éléments matériels physiques jusqu’au mystique. Elle démarre en effet par un désir puissant qu’il faut éduquer, la contemplation de la beauté des corps. Elle s’élargit ensuite par la passion du beau en général, la contemplation de la beauté des âmes. Pour finir, elle mène à la contemplation de la beauté de soi qui est la plus susceptible de procurer le bonheur, qui ne nécessite aucune réciprocité et qui n’est pas limité à une personne en particulier puisque l’amour de soi mène à l’amour de tous. C’est ce qui s’appelle l’« amour/don ».

Mon commentaire :

Il y a tellement de vrai là-dedans… Encore une fois, cela semble relever du bon sens, pourtant quand nous vivons des relations avec autrui, il n’est pas facile de déterminer ce qu’elles signifient. Pour ma part, je qualifiais jusqu’alors deux personnes distinctes comme étant mon meilleur ami et mon âme-sœur. Après découverte de la pensée d’Aristote sur l’amitié sincère et indispensable au bonheur, je réalise que mon meilleur ami n’est même pas un ami et que mon amour est mon âme-sœur et donc, mon meilleur ami. En revanche, j’ai toujours compris que mon amour était aussi mon ami. Je ne voyais pas les choses dans leur ensemble, j’avais plutôt tendance à sélectionner certains aspects des différents concepts pour qu’ils collent à la bonne personne. En fin de compte, je me fourvoyais.

Non-violence et pardon

Pour être capable de non-violence et de pardon, il faut d’abord refuser la loi du talion qui consiste à rendre à l’autre ce qu’il nous inflige (œil pour œil, dent pour dent). Jésus proposait même d’aller plus loin en incitant à tendre l’autre joue, en allant même jusqu’à aimer ses ennemis. Si, dans un premier temps, nous sommes capables d’ignorer la colère et la vengeance, nous serons plus à même de suivre une éthique de non-violence.

L’auteur nous dit que le pardon est pourtant un acte irrationnel. En effet, lorsqu’un tord est commis, l’acte rationnel qui s’impose est de rendre justice, de réparer les tords subis. Or, le pardon efface l’ardoise, il n’y a aucune réparation de l’injustice ressentie.

Le pardon est pourtant une condition nécessaire à l’extinction de la violence. Il ne s’agit pas d’oublier ce qui s’est produit, mais plutôt d’apaiser la blessure et de faire en sorte qu’elle ne se reproduise pas. Dans notre quotidien, lors d’une altercation par exemple, pardonner plutôt que de répondre par la loi du talion permet de déstabiliser son agresseur et pourquoi pas de l’amener à réfléchir à ses actes.

Mon commentaire :

Cette notion de pardon m’a rappelé un long passage de la série Naruto dans lequel Naruto se voit contraint d’affronter Nagato, l’instigateur du groupe Pain et chef de l’Akatsuki. Cette organisation a causé de nombreux dégâts et à entraîner la mort de beaucoup de monde, notamment du maître de Naruto, Jiraya. Naruto est bouleversé de se trouver face à cet ennemi, il est habité par la haine (si bien qu’il réveille le démon-renard qui l’habite). Pourtant, il écoute l’histoire de son ennemi, apprend à le comprendre et finit par lui pardonner. Cela transforme Nagato qui décide d’utiliser son pouvoir pour réparer les tords qu’il a pu commettre, au prix de sa vie. Malheureusement certaines choses sont irréparables et Jiraya ne peut revenir à la vie. Naruto est pourtant en paix avec sa décision.

J’ai trouvé cette partie de la série et du manga extraordinaire, tellement pleine de sagesse. Ce genre de scène nous ébranle.

La prière (notamment religieuse) peut aussi aider à apaiser la colère. Elle est même faite pour cela, d’après Frédéric Lenoir. Jésus a dit, alors qu’il était sur la croix, « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Savoir que celui qui nous blesse n’en a pas forcément conscience ou est dépassé par ses actes peut nous aider à comprendre qu’il est peut-être lui-même en souffrance, comme Nagato dans Naruto. En comprenant, on peut pardonner plus facilement, sans pour autant tout pardonner. Des horreurs sont commises sans qu’aucune raison ne puisse les justifier.

L’auteur propose un exercice de « visualisation » permettant de chasser la colère que l’on peut ressentir envers quelqu’un.

Le halo entourant la personne devient ainsi de plus en plus clair, cela représente la colère qui devient compassion.

Le partage

Le partage est une forme de non-violence active. L’auteur évoque ainsi de nombreux penseurs ayant proposé que les riches distribuent leurs surplus aux pauvres, car même si l’argent ne fait pas le bonheur, le partage des richesses rapproche de l’égalité et efface les sentiments de jalousie, d’injustice ou de colère. Cela permet aussi de privilégier une « logique de l’être », plutôt que de l’avoir. Le bonheur ne se situe pas dans le matérialisme.

Attachement et non attachement

Dans la philosophie bouddhiste, il est préconisé de ne pas s’attacher à ce qui est impermanent (les choses matérielles, la santé, la richesse, la réputation, le corps, etc). Il ne s’agit pas de se priver ou de mépriser les choses, seulement de ne pas s’y attacher. Et dans la mesure où l’on posséderait quelque chose, il faudrait la respecter et en prendre soin sans pour autant l’élever à un niveau d’attachement.

Il ne faut pas confondre le non attachement aux choses matérielles avec l’attachement aux autres personnes. En effet, il est impensable de ne s’attacher à personne. Or, quand une personne à laquelle nous sommes attachés disparaît, cela nous apporte de la peine. Il est pourtant nécessaire de s’attacher à autrui pour ressentir et partager l’amour ou l’amitié nécessaire au bonheur.

Le culte de la performance

Dans nos sociétés modernes, on attend de tout le monde qu’il s’émancipe, perfectionne ses aptitudes et devienne le meilleur, pour peu qu’il y mette de la volonté. L’homme pense qu’il doit suivre ce chemin de la réussite et de la performance pour être heureux. Il s’agit là d’un but extrêmement élevé et inatteignable.

Pourtant, l’échec est très mal perçu et rend les gens malheureux. Les objectifs de performances et de réalisation de soi imposés par les codes sociaux sont un fardeau, alors pourquoi ne pas revoir nos objectifs à la baisse ?

Il vaut mieux voir dans ce qui est communément perçu comme un échec les bonnes choses qu’il a pu nous apporter et rester optimiste. Il faut accepter la réalité des faits et en tirer les opportunités qui s’imposent.

Ici et maintenant

Pour espérer atteindre le bonheur, il faut privilégier le présent, le seul moment du temps où l’on peut agir. Attention toutefois à ne pas oublier le passé ou négliger l’avenir.

Nous devons intégrer notre passé et ne pas l’oublier. Il est nécessaire de s’en souvenir, de savoir vivre avec, de ne pas le ressasser et d’éviter les remords, le ressentiment ou la haine qui sont des poisons de l’esprit. Le passé ne doit pas polluer notre vie et diminuer les forces dont nous disposons pour le présent.

Parallèlement, nous ne devons pas nous laisser transporter par nos rêves de futur et oublier de vivre au présent, car cela reviendrait à ne rien mettre en œuvre pour réaliser ces rêves.

Dans le présent, nous devons prendre garde à l’angoisse et à l’anxiété qui empêchent d’affronter des événements pour pouvoir avancer. Se forger une vision positive d’un événement proche peut permettre de mieux le vivre. Dans tous les cas, il faut privilégier la vérité et la joie de l’instant présent où l’on peut agir pour être heureux.

Accepter la mort

La mort angoisse l’homme qui aspire à l’éternité.

Montaigne disait « Philosopher, c’est apprendre à mourir. »

Craindre la mort ne peut l’empêcher d’advenir, mais cela empêche de jouir de la vie. Vivre chaque jour le plus proche possible de la vérité, comme si c’était le dernier, permet non pas de se préparer à la mort, mais de se préparer à la vie.

L’humour

L’humour permet de créer des liens entre les individus et de dédramatiser les choses pour prendre de la distance et mieux appréhender les événements. Cela amène à se libérer du caractère insupportable de la réalité.

L’auteur raconte une petite histoire pour montrer comment certaines religions (juive ici) utilisent l’humour pour supporter les stigmatisations dont elles peuvent être victimes :

Un rabbin rend grâce à Dieu en lui disant son adoration et sa confiance dans une prière. Celle-ci l’occupe tellement qu’il tombe dans un ravin. Il parvient à s’accrocher à une petite branche et appelle à l’aide :
— Y a quelqu’un ?
Silence. Il crie encore quand une voix profonde venue de très haut lui dit :
— Mon fils, j’ai entendu ton appel. N’aie aucune crainte et lâche cette branche. Mes anges vont te porter et te déposer doucement en bas de ce précipice.
Et le rabbin, regardant le vide sous ses pieds :
— Y a-t-il quelqu’un d’autre ?

Cette histoire m’a bien fait rire !

La Beauté

Platon parle d’une quête pour savourer la joie, la quête de l’Absolu qui repose sur le Vrai, le Bien et le Beau.

Contempler la nature et se laisser envahir par le sentiment d’émerveillement que la beauté fait naître en nous peut nous transporter.

Épilogue

À la fin de son ouvrage, l’auteur imagine deux scènes se déroulant dans l’Antiquité. Un publicitaire annoncerait, à l’instar d’un homologue de notre époque, que des biens matériels seraient l’aboutissement du bonheur de leur propriétaire. Dans l’Antiquité, un menhir dans le jardin, à notre époque une Rolex au poignet. Dans cette histoire, l’auteur met en scène Socrate. Il discute d’abord avec un homme convaincu par l’assertion du publicitaire – il court d’ailleurs s’acheter un menhir. Dans la deuxième scène, Socrate converse avec le publicitaire lui-même. Il leur démontre, à l’un comme à l’autre, par la discussion et la logique, comment de tels propos sont faux.

Ces deux scènes sont très intéressantes, pleines d’humour et elles rappellent que le bonheur ne se trouve pas dans la possession bassement matérielle.

Pour conclure

Ce traité de philosophie m’a permis de remettre des choses en perspectives et de penser à ma propre conception du bonheur. Il était très intéressant de confronter mes pensées, jusque-là inconscientes, à celles de philosophes ou de doctrines religieuses. De nombreuses approches passionnantes sont évoquées ici, même si je reste moins convaincue par les psychanalyses et autre Gestalt-thérapie. Je reconnais toutefois que chacun rencontre ses propres difficultés avec la vie et son être en particulier et que de l’aide pour y voir clair ne peut être néfaste. Ne serait-ce que lire ce traité peut amener à penser et à voir certaines choses sous un regard nouveau.

L’idée que la connaissance de soi amène indubitablement à la connaissance de l’humanité est puissante. Elle me parait d’abord contre intuitive, mais je crois que je perçois une partie de ce que cela recèle. C’est quelque chose à garder à l’esprit et à approfondir pour renforcer les personnalités de mes personnages de fiction, notamment ceux de Samare. Cette lecture n’a pas été vaine et j’ai été très surprise de la trouver si facile, agréable et illuminatrice.