Akemi no sekai

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Drame, enquête et science-fiction

Publié le 20/09/2020 dans Lectures.

Drame familial, enquête sur des rituels sataniques et nouvelles de science-fiction, voici le tour d’horizon de mes trois dernières presque lectures.

J’aimerais tellement que tu sois là de Graham Swift

Le titre de ce roman m’a spontanément attirée. J’ai tout de suite pensé qu’il s’agissait d’une histoire d’amour aux multiples obstacles et je n’ai pas lu le résumé sur la quatrième de couverture. L’aurais-je fait, que ma première bonne impression n’en aurait pas pâti.

Couverture du roman aux éditions Gallimard représentant un champ de coquelicots.

Pourtant, dès le commencement de ma lecture, je me suis sentie perplexe. D’emblée est évoqué le thème de la faillite d’une exploitation familiale à cause de la maladie de la « vache folle ». La façon dont les animaux abattus sont dénommés – des « têtes », du « bétail » – ne m’a pas plu.

Pas plus que le fait de nous exposer ce drame dès les premières lignes du récit. Même si le narrateur, qui s’accroche clairement au personnage principal, temporise ces termes en faisant allusion au fait que le personnage pense : « Mais les bêtes ne sont pas des gens, c’est un fait », comme si ce n’était pas son sentiment personnel, cela n’a pas suffi à enlever le malaise qui s’était emparé de moi.

Ensuite, on sent le désarroi et la dégringolade de cet homme, qui songe au passé et qui se morfond dans sa peine alors que son épouse vient de le quitter. La mention du fusil, posé sur le lit conjugal, est lourde de sens et de tension. Comme l’évoque Axel dans le film Arizona Dream (de Emir Kusturica), lorsqu’une arme apparaît au début d’une œuvre, elle sera utilisée avant la fin. Cette angoisse naissante a accentué mon malaise.

Sans doute le style narratif est-il maîtrisé et, peut-être même excellent, pour parvenir à faire monter cette tension dès les premières minutes de lecture. Pourtant, l’écriture hachée et les allers et retours entre le moment de détresse présent et les souvenirs du personnage ont gêné ma lecture. Et je n’ai pas été capable de supporter l’angoisse qui planait. Je n’avais pas envie de poursuivre pour savoir si cet homme mettrait fin à ses jours de malheur. Cela me semblait relever d’une curiosité malsaine et déplacée. J’espère simplement que finalement il voit son épouse apparaître au bout du chemin sinueux qu’il guette depuis la fenêtre et qu’il ne met pas ses plans à exécution.

Équinoxe de Michael White

Résumé

Je n’ai pas lu celui de la quatrième de couverture avant d’attaquer ma lecture, et c’est tant mieux, car il me semble qu’il révèle un peu trop de l’histoire.

Voici un résumé un peu plus détaillé de mon cru :

Couverture du roman aux éditions France Loisirs représentant un soleil couchant sur des bâtiments.

Une ancienne journaliste criminelle reconvertie en auteure à succès se retrouve sur une scène de crime à Oxford, car le père de sa fille, avec qui elle vient de dîner, a été appelé sur les lieux. Il est photographe pour la police. Curieuse, elle regarde en douce la victime et décide de mener l’enquête, voyant là l’opportunité de trouver de l’inspiration pour un nouveau roman.

Elle finit par comprendre que ce meurtre, et celui qui a suivi, suivent le schéma d’un rituel déjà vu dans des crimes ayant eu lieu quelques siècles auparavant. Avec sa famille, elle en perce les mystères et ils parviennent à prédire les moments et les circonstances de 3 prochains meurtres.

Pendant ce temps, l’inspecteur de police chargé de l’enquête n’est pas très convaincu par leur théorie, mais il ne peut ignorer les similitudes avec l’enquête de 1851.

Parallèlement à cela, en 1690, Isaac Newton approfondit ses recherches en alchimie afin de parvenir à concevoir la légendaire pierre philosophale.

Ce que j’en pense

L’idée de suivre une enquête menée par des « non-policiers » est intéressante, même si je trouve que la curiosité de cette femme est mal placée, dérangeante et incompréhensible. Je n’ai pu saisir ses motivations qu’à partir du moment où elle n’avait plus comme objectif que d’empêcher les prochains crimes.

La profondeur des personnages n’est pas assez poussée à mon goût. J’ai du mal à saisir ce qui lie vraiment la femme et l’homme – mis à part le fait qu’ils ont eu une fille ensemble – au point de mener cette enquête et de risquer leur vie. Ils n’ont pratiquement pas vécu ensemble et ont des regrets sur le passé, mais ce n’est pas assez puissant pour les motiver.

La plongée dans le passé et la vie d’Isaac Newton est à la fois fascinante et frustrante. Je me suis sentie flouée en découvrant la vie de cet homme sans pouvoir démêler ce qui était avéré de ce qui ne l’était pas. Heureusement, l’auteur cite ses sources et explique ses choix « historiques » et « scientifiques » à la fin de l’ouvrage. Sans ces précisions, le roman ne m’aurait pas plu.

La partie sur les documents de Newton, les plans de labyrinthe et le décryptage, aurait mérité plus de descriptions. Surtout le décryptage qui aurait été plus saisissable si le lecteur avait pu participer activement à résoudre l’énigme.

Conclusion

Ce roman était très sympathique, s’inscrivant un peu dans la lignée des aventures de Robert Langdon (série de romans de Dan Brown), mais ce n’était pas le meilleur polar que j’ai lu.

D’ailleurs, je ne saurais pas dire s’il s’agit davantage d’une enquête ou d’une aventure parce que, en fin de compte, j’ai suivi le déroulement du récit de manière passive, sans jamais trouver d’accroche pour m’agripper à l’histoire et y plonger pleinement. Je l’ai terminé parce qu’il était facile à lire.

La mère des mondes, recueil de nouvelles d’Isaac Asimov

Couverture du roman aux éditions Denoël représentant un ours en costard qui réfléchit en tenant un crâne dans les mains.

Je n’ai lu que les deux premières nouvelles (sur cinq) et elles m’ont donné un arrière-goût d’inachevé.

Les thèmes abordés – le traitement d’une autre espèce intelligente par les humains dominateurs, l’organisation de communautés civilisées, la découverte de nouvelles forme de vie – sont passionnants et donnent à réfléchir. Si bien qu’ils mériteraient un roman à part entière !

Première nouvelle : Cul-de-sac

Résumé

Les humains ont colonisé la galaxie et découvert d’autres formes de vie intelligentes. Les derniers représentants de l’une de ces espèces, sauvés d’une planète devenue inhabitable, vivent désormais sous la coupe des humains, dans un environnement spécialement aménagé pour eux. Les humains s’efforcent de bien les traiter. Seulement, ces « non-humains » ne se reproduisent pas et semblent mélancoliques. Le gouvernement galactique se laisse convaincre par le ministère sur place de mener une enquête pour découvrir ce qui les empêche de procréer.

Ce que j’en pense

Le sujet est extrêmement intéressant. La mélancolie et le désespoir qui habitent ces créatures est tout à fait plausible et compréhensible. Comme des animaux parqués dans un zoo, elles n’ont plus goût à la vie, car elles n’ont plus d’obstacles à affronter pour s’élever et survivre. Elles sont entièrement dépendantes des bons soins des hommes, n’ont plus d’identité ni de véritable maison.

La conclusion de l’histoire m’a beaucoup plu. Le ministre en charge de suivre l’enquête est retords. Pris pour un simplet facilement manipulable, c’est lui qui trompe son monde ! Il profite des contraintes administratives et de personnages intéressés, non pas à apporter une meilleure vie aux non-humains, mais à les utiliser, pour permettre à ces créatures de s’enfuir ; le tout, en se couvrant derrière des rapports fastidieux ! Une belle note d’espoir transparaît à la toute fin, puisque non accusé d’avoir quelque chose à voir dans cette évasion, il est simplement réaffecté ailleurs. Peut-être aidera-t-il d’autres espèces à retrouver leur indépendance ?

Le seul bémol de cette histoire – qui n’est pas des moindres, car j’ai failli tout abandonner dès que j’y ai été confrontée – est l’abondance des courriers administratifs rébarbatifs retranscris. Ils servent le récit, avec brio, mais ils sont terriblement indigestes.

Deuxième nouvelle : Aucun rapport

Résumé

En Amérique, à une époque indéterminée, une espèce intelligente a organisé sa société en groupements communautaires et vit dans la paix.

Un archéologue tente de découvrir les origines de l’espèce et travaille sur les ossements de « Primates Primitifs » fossilisés depuis des milliers d’années. Or, il apparait que des créatures très semblables sont arrivés dans un groupement lointain depuis d’Autre Monde, de l’autre côté de l’océan, à bord de machines volantes !

L’archéologue découvre que ces êtres dotés d’intelligence vivent de manière à la fois grégaire et asociale, qu’ils possèdent et maîtrisent des connaissances qui les ont amenés à concevoir des armes, et qu’il est fort probable qu’ils envisagent de coloniser leurs terres par la force.

Cette civilisation semble être liée à celle des Primates Primitifs, mais l’archéologue ne parvient pas à établir le rapport qui les unit.

Ce que j’en pense

Il s’agit à la fois d’une histoire captivante et d’un excellent exercice de pensée. Le texte est trop court, beaucoup trop court !

La notion de « travail volontaire » (accompli si on l’aime) et de « travail communautaire » (accompli par tous ou par tirage au sort parce qu’il est nécessaire pour la communauté, bien que personne n’aime s’y atteler) est extrêmement intéressante et mérite réflexion et développement.

La civilisation de l’Autre Monde n’est pas sans rappeler la nôtre, ainsi que les Primates Primitifs dotés d’une boîte crânienne suffisamment volumineuse pour accueillir un cerveau et de pouces ! Tout comme l’archéologue, il nous est pourtant difficile d’établir le lien entre les deux espèces, car la première vit et s’étend alors que la seconde n’existe que sous la forme de fossiles, de l’autre côté du monde et exclusivement dans des zones à forte radioactivité.

Au fil de la lecture, on a tendance à penser que les Primates Primitifs pourraient représenter la civilisation humaine que nous autres lecteurs connaissons, et à laquelle nous appartenons. Ainsi, nous nous serions éteints à cause de nos propres connaissances et du nucléaire. À la suite de quoi d’autres espèces auraient occupé, de part le monde, les niches écologiques devenues vacantes. Ainsi se seraient développés de nouveaux primates, dans l’Autre Monde, acquérant au fil du temps les mêmes connaissances que cette civilisation disparue. De la même façon, les groupements communautaires de notre archéologue seraient l’évolution d’une civilisation, apparemment apparentée à des ursidés, qui aurait atteint un niveau d’intelligence pouvant les conduire au même résultat, bien qu’ils semblent avoir évolué moins vite et baigner encore dans une aura de paix. La boucle est bouclée.

C’est en tout cas ce que j’ai compris. Rien n’est certain, cependant, car comme je l’ai dit, cette nouvelle finit bien trop vite et ne nous apporte aucune réponse. Le contexte d’écriture de l’histoire nous apporte malgré tout certaines pistes. Elle a été rédigée juste après la Seconde Guerre Mondiale.

Conclusion

La prochaine fois que je lirai quelque chose d’Isaac Asimov, ce sera une véritable histoire, complète, poussée dans ses retranchements ; un roman. Avec ses nouvelles, je reste sur ma faim.

En effet, son approche de la science-fiction, aux abords des années 40 et 50, donne un côté rétro-futuriste hyper vintage au genre. Et encore, avec ces termes je navigue plutôt à vue dans les années 70 et 80, mais je ne trouve pas de terme approprié. En tout cas, cette façon de parler du futur, d’aborder des notions fondamentales de la vie et du rapport aux autres espèces sur ce ton suranné, apporte un décalage déconcertant et saisissant qui me plaît. Les concepts abordés amènent à des réflexions philosophiques. Cela me paraît extraordinaire d’avoir accompli cette prouesse dans de si courtes histoires.


Ces derniers temps je tâtonne un peu pour trouver de bons livres et je me disperse dans de nombreux genres et vers des auteurs que je ne connaissais pas encore. J’aime ça ^^.