Akemi no sekai

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Les dents de Chastel

Publié le 06/12/2020 dans Lectures.

Mon exploration de mes anciens écrits s’achève avec Les dents de Chastel écrit en 2015 à l’occasion du concours Gallimard Jeunesse.

Résumé

Egmont est un adolescent perturbé par la disparition de sa sœur. Ses parents l’envoient consulter un psychologue, le docteur Gildwin Ditfrid, qui l’emmène à Chastel où il a vu sa sœur pour la dernière fois, huit ans auparavant. Dans les bois, ils se font attaquer par un homme doté d’une force incommensurable. C’est alors qu’Alwine, une fillette blanche comme la craie et aussi agile qu’un singe, intervient pour leur venir en aide. Elle est assistée par Halvard, un vieillard robuste armé jusqu’aux dents.

Egmont et Gildwin apprennent qu’Alwine est une vampire et que Messire de Chadelœuf, qui habite le château voisin et enlève des enfants, est le plus puissant des vampires. Egmont pense qu’il détient sa sœur et veut la sauver. Halvard montre aux deux novices comment tirer au fusil, même s’ils sont persuadés, à cause de leurs connaissances littéraires et cinématographiques, qu’ils auront besoin d’eau bénite et de crucifix.

Un petit groupe de villageois se prépare à affronter le comte avec eux. Egmont apprend qu’Alwine serait plus forte si elle se nourrissait comme ses semblables et il la convainc de sucer son sang, sur les écorchures de ses doigts. Il craint ensuite d’avoir brisé quelque chose dans la volonté de la fillette.

Avant de partir pour le château du comte, Egmont aperçoit le prêtre et lui demande de l’aide. Celui-ci lui fournit de l’eau bénite, une Bible et un crucifix.

Le groupe d’intervention pénètre dans le château et des vampires les attendent en embuscade. Gildwin et Egmont, espérant que l’eau bénite est efficace, imbibent les balles de leurs fusils avec le liquide sacré pour les rendre plus meurtrières. Séparés des autres, ils trouvent Messire de Chadelœuf dans la chapelle en compagnie de Sunniva, la sœur d’Egmont. Perturbé, l’adolescent tente le tout pour le tout afin de la ramener à l’état d’être humain. Il commence à prier. Sunniva s’attaque à Gildwin et messire de Chadelœuf empêche Egmont d’intervenir, le forçant à regarder son ami mourir.

Egmont finit par trouver la force de détruire Sunniva. Messire de Chadelœuf fait lui fait la conversation et lui apprend qu’il croit qu’il a été damné après avoir commis un acte abominable de son vivant. Finalement, la foi en Dieu semble importante et Egmont décide de s’en servir, mais le vampire se moque de lui. Désemparé, l’adolescent n’a plus d’autre choix que de fuir. Il jette sa Bible au visage de son ennemi pour faire diversion. C’est alors qu’il réalise que les objets divins lui mettent la peau à vif. Un affrontement commence et Egmont utilise sans hésiter ses saints outils. Alors que Messire de Chadelœuf se désintègre, il use de ses dernières forces pour mordre Egmont. Alwine arrive à la rescousse et l’achève d’un coup de poignard dans le cœur avant de brûler son corps.

Halvard n’a pas survécu, lui non plus. Après toutes ces souffrances, le garçon est convaincu que même s’il n’a pas réussi à sauver sa sœur, il peut encore ramener sa nouvelle amie à la vie. Il a désormais foi en Dieu et il propose de partager son âme avec elle. Il lui suffit de croire en son humanité.

Avant de rentrer chez lui, Egmont revoit Alwine. Elle lui apprend qu’elle va désormais vivre au village et aller à l’école, ce qui surprend son ami. Il finit par réaliser qu’elle a changé. Il a réussi à sauver son âme et elle est redevenue humaine.

Mes impressions

Une fois de plus, l’histoire est peut-être un peu trop violente pour un roman jeunesse. En un seul tome, nous n’avons pas suffisamment le temps de voir évoluer les personnages et de les armer - ainsi que le lecteur - contre la noirceur du monde. Ils sont si jeunes. Les épreuves endurées par Egmont, mais aussi par Alwine, qui reste une fillette, sont effroyables et bien trop difficiles à surmonter. Je crois que j’ai tendance à me dire qu’après tout, Harry Potter (dans les romans éponymes) a bien affronté Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom dès sa première année à Poudlard. J’oublie pourtant qu’à ce moment, il a reçu de l’aide, qu’il n’a vu aucun de ses amis mourir et que son ennemi était au pire de sa forme. Il aura fallu 7 tomes énormissimes pour que Harry devienne suffisamment mature et fort pour affronter son destin. Entre-temps, il a grandi, comme les lecteurs. L’histoire d’Egmont ne peut pas être aussi sombre. La fin pleine d’espoir ne suffit pas à effacer les troubles vécus.

Il y avait quelques filons amusants à exploiter, notamment au niveau des clichés sur les vampires. Lorsqu’Egmont se met à prier, la scène semble bâclée. Sa foi aurait dû croire en même temps que sa voix et l’impact de ses mots sur les vampires, un peu comme dans Fright Night si justement cité dans le roman. En effet, Charlie Brewster constate avec consternation que la croix et l’eau bénite sont inefficaces, jusqu’à ce que… Eh bien oui, jusqu’à ce qu’il se convainque qu’ils doivent fonctionner et qu’il insiste !

Le style est assez habituel à ce que je peux produire, en moins enfantin peut-être. Quelques passages m’ont semblé bien tournés et certaines scènes comportent des descriptions et du vocabulaire plutôt détaillés.

Améliorations

Des améliorations de cette histoire sont possibles. Le roman aurait pu prendre deux voies distinctes :

Dans les deux cas, le travail aurait dû être plus poussé.

Pour un roman psychologique

Les troubles d’Egmont et le soutien de son psychologue auraient pu nourrir le roman à part entière, sans événements fantastiques. Ainsi le conflit se serait situé dans la culpabilité d’Egmont d’avoir survécu à sa sœur et dans sa façon de se réconcilier avec son passé, grâce au docteur Ditfrid. Pas de morts effroyables - sauf celle de Sunniva, non relatée dans le récit -, pas de blessures autres que psychologiques, pas de bien opposé au mal. À la fin, l’adolescent se sent mieux, il comprend qu’il n’était qu’un enfant quand sa sœur s’est noyée, qu’il ne pouvait rien faire et que ce n’est pas sa faute si elle a disparu. Il n’est pas coupable de sa mort parce que lui est toujours en vie.

Pour un roman fantastique

Quitte à exploiter les clichés du vampire, autant le faire jusqu’au bout. Les scènes portant sur la foi d’Egmont devraient être plus prononcées et intenses : plus de descriptions, de force dans la prière, même si elle est incorrecte, l’accompagnement de Gildwin pour prier, l’augmentation de la foi des deux acolytes proportionnelle aux effets de plus en plus marqués sur les vampires, etc.

Le comte vampirique est assez sadique. Son histoire le rend encore plus fou aux yeux du lecteur. L’origine de sa malédiction aurait pu être présentée autrement, on aurait dû ressentir l’empathie et la pitié d’Egmont afin de sentir plus profondément la psychologie du vampire.

La mort de Gildwin est affreuse, sans doute superflue. Egmont peut renoncer à sauver sa sœur et même à la détruire pour protéger son ami. Il ne doit pas souffrir davantage. La mort d’Halvard est moins gênante. Il en faisait trop, il était à bout. Les circonstances de sa crise cardiaque mériteraient peut-être d’être remaniées, histoire de le présenter davantage comme le héros qu’il était et le sauveur d’Alwine. Sans la mort d’Halvard, la renaissance de la fillette ne pourrait pas avoir lieu de toute façon.

Conclusion

Les dents de Chastel n’est pas une mauvaise histoire. Elle comporte de bons personnages et de bonnes idées. Elle m’a pourtant un peu ennuyée. Tout se déroule à la fois trop vite et trop lentement. Les explications données par l’ermite et Alwine sont longues et indigestes. Après l’entraînement au fusil et la découverte de l’unité de combat et du plan, le dénouement est trop long à arriver. Pourtant, Egmont et Gildwin entrent dans le monde fantastique trop vite. Il n’y a aucun moment de répit pour souffler dès lors qu’ils se font attaquer dans les bois. Nous n’avons pas le temps de sentir les liens qui les unissent.

Le schéma « irruption dans un monde fantastique - apprentissage/entraînement - bataille contre le méchant » est trop banal. C’est exactement le même que dans Megumi - Les Monts Enchantés ! Je dois proscrire le manichéisme qui caractérise mes récits. En fait, c’est le seul aspect de mes histoires - mis à part le style enfantin - qui fait qu’elles s’adressent plutôt aux enfants à qui l’on doit soi-disant apprendre à séparer le Bien du Mal, sans toutefois omettre de préciser que tout le monde est un peu bon et mauvais à la fois. Cela m’ennuie. Les personnages que l’on trouve mauvais, qui sont présentés comme tels, devraient toujours avoir une profondeur de caractérisation pour expliquer leurs travers.

Enfin, maintenant qu’Alwine est redevenue humaine, elle a intérêt à arrêter de manger autant de fromage !