Akemi no sekai

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Les dents de Chastel · Relecture de mon roman Objectif petit ami

Maryline trompe la mort de Diatomée

Publié le 01/12/2020 dans Lectures.

Relecture des deux nouvelles Maryline trompe la mort de Diatomée. Il s’agit de deux histoires différentes, indépendantes l’une de l’autre, mais ayant le même protagoniste, Maryline, habitée par les mêmes angoisses.

Première nouvelle

Cette histoire relève de la science-fiction, même si à première vue, elle n’en a pas l’air.

Résumé

Maryline est angoissée à cause de la nouvelle maîtresse avec laquelle elle travaille à l’école. Elle consulte le médecin pour avoir une énième ordonnance d’anxiolytiques, mais celui-ci refuse de la lui donner. Maryline court se procurer de la Marijuana pour décompresser.

La drogue l’amène à agir bizarrement, comme d’autres consommateurs. Elle en vient à voler la Pontiac Firebird de 1968 de la maîtresse et fonce vers une casse désaffectée. Cet endroit est devenu le lieu de rendez-vous de ceux qui ont été manipulés par une intelligence extraterrestre via la drogue. L’entité avait besoin de pièces de voitures pour se fabriquer de quoi quitter la Terre. Maryline apporte la dernière pièce, le moteur de la Pontiac. L’extraterrestre, changé en monstre mécanique, décolle en annihilant la planète derrière lui.

Mes impressions

Il y a trois choses que j’adore dans cette nouvelle :

En effet, Maryline a une personnalité bien prononcée, il est aisé de sentir toute se détresse et l’effervescence dans laquelle elle s’englue. Au départ elle parait un peu folle, voire complètement névrosée, mais après notre rencontre avec madame Bonpoint, notre empathie envers Maryline gonfle comme une vessie après dégustation d’une tisane. Et, cerise sur le gâteau, malgré l’anxiété qui la caractérise et qui nous fait avoir pitié d’elle, elle est très marrante. C’est un excellent personnage.

Concernant le déroulement du récit, il est dynamique et bien rythmé. Il n’y a pas le temps de s’ennuyer, la mise en place un peu théâtrale renforce les affects et les moments choisis pour les interventions intrigantes de la narratrice (mention de la rumeur concernant la Marijuana de King Shit, récit des aventures de X) sont parfaits.

Le court prologue contribue aussi au dynamisme du récit. Il est percutant, très imagé et prometteur. Lorsque le passage en question apparait dans le récit, la scène est élaguée proprement. N'est conservée que l’énumération des termes adéquats pour décrire succinctement et efficacement la liberté retrouvée de Maryline. L’image en devient encore plus marquante et c’est ce qui illustre le mieux la nouvelle toute entière.

Ce qui me plait moins en revanche, c’est le revirement SF. Le virage est tellement brutal que la fin me parait nébuleuse. Que la drogue ait eu quelques soucis de conception, on le comprend bien. Cela explique les réactions excessives des consommateurs. Finalement, il s’agit d’un champignon extraterrestre qui prend possession des drogués pour se fabriquer une machine en tôles de voitures. J’ai du mal à accrocher. Les vers clamés sont extrêmement beaux, surtout ceux sur la fin de Maryline, sous « moultes carcasses ». On comprend bien que X et Maryline périssent à cause de cette machine gigantesque qu’ils ont contribuée à fabriquer, mais la chute est floue. Que se passe-t-il en fait ? « […]la Terre exhala son âme[…] », donc elle n’est plus ?

Deuxième nouvelle

Celle-ci vire plus au fantastique, sans le côté flippant.

Résumé

Maryline est angoissée à cause de son travail. Elle consulte le médecin pour avoir une nouvelle ordonnance d’anxiolytiques, mais celui-ci refuse de la lui donner. Il la soupçonne de ne pas respecter les doses et d’en avoir déjà trop pris. Elle quitte son cabinet déprimée et tandis qu’elle se sent mal et s’assied la marche d’un pas-de-porte, devant un vieil immeuble, elle rencontre un chat.

Se sentant malheureuse et parfaitement inutile, Maryline contemple sa propre vie avec désespoir, ne remarquant pas qu’elle rend au moins le chat heureux parce qu’il peut s’amuser des mouvements de son ombre. Elle est en revanche intriguée par le fait que ses doigts, passés à travers des rais de lumière poussiéreux, n’en altèrent pas la forme.

Elle retourne finalement à l’école où elle travaille et vole la voiture de la maîtresse qui lui cause tant de misères. Elle s’enfuit avec, se sentant libre, ayant l’impression que le monde s’offre à elle. Sauf qu’en fait elle n’a jamais quitté la marche du vieil immeuble où son cadavre, over-dosé, repose.

Mes impressions

Ce récit est bien plus court que le premier et on en retrouve de nombreux éléments – les meilleurs (Maryline, sa détresse émotionnelle, la maîtresse et sa voiture, le docteur non coopératif). Pauvre Maryline ! Elle n’a pas un meilleur destin dans cette version.

L’empathie est un peu moins abordable, car la détresse est moins vécue dans le récit même. Quand Maryline est confrontée à la maîtresse, c’est en la surprenant par son audace juste avant de lui voler sa caisse. Pas de quoi pleurer sur son sort. De ce fait, le personnage est moins profond et moins attachant.

La fin est un peu brutale, car comme Maryline qui se sent pousser des ailes, nous avons l’impression que c’est finalement une bonne chose que le médecin n’ait pas cédé et qu’elle a réussi à frapper fort pour se libérer. Malheureusement pour elle, ce n’est qu’un rêve. Mais étant précisé qu’elle a trépassé, comment cette scène pourrait-elle être imaginée ? Aurait-elle eu lieu avant que Maryline ne meure ? Auquel cas ce pourrait être cette action qui la tourmentait au point d’avaler les pilules comme des bonbons… Action qui n’aurait pas été si libératrice que cela. 🤔 Bref, cette fin me laisse sceptique. Elle surprend et met en lumière les moulinets que Maryline faisait sans altérer la poussière, mais je me sens un peu triste que cela se termine ainsi.

Conclusion

Je préfère la première nouvelle, bien plus profonde que la seconde. Le travail du style est appliqué et inspirant.