Akemi no sekai

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Vacances à Gavarnie en juillet 2022 · Tranche de vie et dystopie

Romance et piraterie

Publié le 19/07/2022 dans Lectures.

Romance atypique et aventure de pirates : petit point sur mes deux dernières lectures.

Oh happy day de Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat

Résumé

couverture du livre oh happy day représentant deux personnages dessinés qui dansent.

Un écrivain français de 65 ans se remet tout juste d’une dépression. Il est bien décidé à renouer avec l’une de ses conquêtes, qu’il a quittée quelques années auparavant. Cette dernière, âgée de 47 ans, refait tout juste sa vie avec un jeune papa d’une trentaine d’années qui la persuade de déménager au Canada.

Les deux protagonistes échangent une correspondance par mails, se racontant le meilleur de leur vie, omettant le pire, jusqu’à ce que leur complicité et la confiance qui les unissaient auparavant reprennent sa place. Ils découvrent alors les déboires de l’autre et se rapprochent davantage.

Ce que j’en pense

La lecture était agréable, même avec l’intrigue un peu tordue. Il s’agit d’une tranche de vie qui aborde des sujets profonds, marquant inévitablement la vie des gens comme la perte d’un être cher, la dépression, la confrontation à la violence psychologique au sein d’un couple, le manque de confiance en soi, etc. Les personnages sont bien tournés, pas forcément attachants, mais ils savent nous emmener avec eux.

Je ne suis pas habituée à ce genre de romance, bien que l’on y retrouve le code habituel du « secret » qui risque de tout gâcher avant la fin. Et tout est pardonné, évidemment. Ce qui me change vraiment, c’est que les personnages sont déjà assez âgés, ils ont eu une vie auparavant et ne découvrent pas l’amour avec cette histoire. C’est différent, pas inintéressant, mais pas passionnant non plus.

Le genre épistolaire invoqué ici est déstabilisant pour deux raisons. Premièrement, tout n’est pas que lettres (courriels dans ce cas), ce qui nous confronte à plusieurs points de vue narratifs au cours de la lecture :

Ce qui m’amène au deuxième point, la distance de l’action qui nous est parfois imposée. En effet, lorsque les personnages se livrent dans leurs courriers, nous sommes au premier plan, mais ne connaissons que ce qu’ils dévoilent. Au contraire, lorsque l’on sort d’un courrier pour reprendre le point de vue omniscient, nous sommes au cœur de l’action et découvrons toutes les facettes des événements. Cela m’a donné la sensation d’être parfois rejetée du récit, de le regarder défiler de loin, voire de rater des moments importants. Cet aspect ne m’a pas trop plu.

Conclusion

Oh happy day est un roman agréable et innovant, par rapport à mes styles habituels de lecture. Je suis contente de l’avoir lu, mais je sais que je n’y reviendrai sans doute pas. Cela ne m’empêchera pas, en revanche, de retenter des lectures du genre épistolaire si l’occasion m’en est donnée.

L’île au trésor de R.L. Stevenson

Résumé

couverture du livre l'île au trésor représentant des pirates armés et furieux.

Un pirate débarque dans une auberge avec un mystérieux coffre qu’il garde toujours verrouillé. Le garçon de table voit défiler les connaissances peu recommandables du boucanier jusqu’à ce que ce dernier rende l’âme – il a bu trop de rhum. Pour rembourser la dette du bonhomme, l’aubergiste ouvre le coffre et prend ce qui lui est dû. Le gamin en profite pour récupérer un paquet scellé. Une bande de pirates vient alors piller la taverne, à la recherche de ce paquet. Le garçon s’enfuit auprès du docteur et du châtelain du coin. Ensemble, ils découvrent que le paquet renferme une carte au trésor.

Une expédition est aussitôt lancée. Des pirates à la recherche de ce trésor se font passer pour de bons marins et intègrent l’équipage. Ils préparent une mutinerie, mais le gamin les entend et révèle tout à ses protecteurs. S’engage alors une lutte entre les gentils hommes et les pirates : des fusillades, la fièvre des marais, le vol du navire, le trésor chipé à la barbe des uns, des litres de rhum descendus, un inconnu rencontré sur l’île… Les héros ne manquent pas d’occasions d’essayer de rester en vie.

Ce que j’en pense

Je suis mitigée sur la narration. L’histoire est relatée, la majeure partie du temps, par le garçon de l’auberge. Il semble tenir le récit de ses aventures après quelque temps, ce qui lui permet de dire des choses comme : « J’avais raison, ainsi que je l’appris plus tard. ». Ce genre de propos gâche un peu le suspense, je trouve. Pourtant, le point de vue narratif est bon. Il permet de bien s’immerger dans cette époque, avec ses drôles de zigotos.

L’aventure est dynamique. Elle commence de manière plutôt banale, en douceur, avec ce vieux marins qui débarque à l’auberge, ses mystères et ses visiteurs impromptus. Tout s’enchaîne ensuite très vite, les péripéties se suivent et ne se ressemblent pas. Le voyage est authentique. L’ambiance est plutôt bien posée aussi, avec le langage des boucaniers, leurs chants, les descriptions des lieux, le contraste de leur comportement avec celui des aristocratiques, le vocabulaire technique – trop technique parfois ! – du voyage en mer, etc.

Le but des personnages est le même : obtenir le trésor. Il est dommage, je trouve, de présenter les aristocratiques comme les gentils de l’histoire alors qu’ils n’hésitent pas à mettre la vie de personnes en danger pour traverser les mers et s’approprier une fortune qui n’est pas la leur, tout comme les pirates, en fin de compte. La vision de l’histoire est un peu trop manichéenne. Au départ, je pensais que c’était parce qu’elle était racontée et vécue par un enfant. Plus tard, on comprend que l’enfant nous la relate avec du recul, donc cet argument ne tient pas vraiment. C’est sans doute un effet culturel. Après tout, de nos jours, les riches qui s’enrichissent ne sont pas trop mal vus alors que les pauvres qui essayent de survivre par tous les moyens sont méprisés et punis.

Conclusion

Ce roman d’aventure (datant de 1881) était divertissant, mais pas toujours très amusant. Je préfère les histoires de pirates comiques et les aventures qui impliquent des enfants courageux (genre Les Goonies ou le film néerlandais Pirates : À la recherche de l’or perdu). La résolution semble trop facile, les « gentils gagnent » et, même s’ils abandonnent les derniers mutins sur l’île, ils le font avec bienveillance en leur laissant des provisions ! J’ai quand-même apprécié d’avoir ce livre sous la main pendant les vacances, pour les moments de repos et aussi, de découvrir le fameux chant des pirates : « Oh hisse ! Et une bouteille de rhum ! ».


Encore deux belles lectures qui étendent un peu plus mon registre. À bientôt pour de prochaines aventures ! :)