Akemi no sekai

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Fantasy, taverne et set de table (par Diatomée) · La relecture et la correction de mon récit

Fantasy : créer un univers fictif (par Diatomée)

Publié le 02/03/2015 dans Rédaction.

Cet article aborde la création d’un univers, d’un monde, d’une manière assez inhabituelle (du moins, je l’espère). Il se veut simple et portant sur la réflexion.

Tout d’abord, commençons par cette question : Comment créer un monde lorsque l’on sait que celui dans lequel nous vivons a un fort impact sur notre façon d’être ?

On ne peut pas… Pas vraiment en tous cas. On ne peut que créer un monde à partir du nôtre. Cela revient seulement à le modifier. Et quelque part, c’est tant mieux ! Pour qu’un lecteur puisse s’attacher à une histoire, il lui faut des repères et ceux-ci sont forcément terrestres ou universels.

Modifier le monde classera votre récit dans le registre de la fantasy (sauf si ce nouveau monde est accessible par le biais du monde réel). On parle alors de « monde de Fantasy ». Pour en savoir plus sur ce registre, il y a cet article.

Allez, modifions le monde pour voir. Disons qu’on ajoute une lune (équivalente à la Lune) à la Terre. Ça ne paraît pas grand-chose dit de la sorte et pourtant ça se répercute sur les marées, la croissance des végétaux, etc. Les nuits de double pleine lune seraient peut-être aussi lumineuses qu’en plein jour et chaufferaient donc la Terre d’avantage, entraînant probablement une fonte des neiges, une montée des eaux. Les gens vivraient sur les plus hauts sommets du monde, là où l’oxygène se fait rare… À moins qu’il n’y ait pas de glacier sur Terre, mais qu’est-ce que cela engendrerait ?

Avec cet exemple, on peut voir qu’une modification, à priori légère, entraîne un profond changement du tout. On peut créer une intrigue (et une histoire) en partant d’une simple modification. Il faudra acquérir une bonne part de connaissance pour que l’histoire évolue avec cohérence ou du moins, que l’on ait un semblant de cohérence. Modifier l’univers, c’est faire beaucoup de suppositions.

Les modifications physiques et chimiques de l’univers sont les plus complexes à appréhender. On le voit avec l’exemple de la lune. Il est impossible de lister toutes les répercussions et cela ne sera probablement pas le but de l’histoire. Il ne s’agit pas de faire une thèse de science. Le véritable objectif, au final, est d’obtenir un monde différent qui plonge le lecteur dans une ambiance qui lui est non pas inconnue, car c’est irréalisable, mais inhabituelle.

Généralement, il est inutile de dresser la liste des répercussions dans un ouvrage. On « dépose » le lecteur dans un univers, aux côtés des personnages principaux de l’histoire et il « voit » par lui-même ce qu’il s’y passe. Si les personnages de l’histoire disposent de peu de science, alors ils pourront expliquer, en en ayant l’intention ou pas, le fonctionnement du monde de façon dérisoire. Tout peut reposer sur un bon Dieu s’étant cogné la tête sur la cuvette des WC avant de créer l’univers. Cependant, il faut que l’auteur ait une idée plus ou moins précise de ce qu’il se passe réellement, car en vérité, il n’est pas ce dieu fou dont on parle (a priori).

C’est ce que l’on peut retrouver par exemple dans l’œuvre entière Les annales du Disque Monde de Terry Pratchett.

Le tome 1 des Aventures extraordinaires d’un savant russe de G. Le Faure et H. de Graffigny est ma lecture du moment. Ce n’est pas de la fantasy, mais je trouve intéressant de mentionner ici deux passages qui parlent du développement des créatures (pour le premier) et de son installation (pour le second) dans un autre monde :

— Je ne m’imagine pas, interrompit Fricoulet, la forme extérieure d’êtres ne mangeant pas. — Il est certain, répliqua Ossipoff, que ces êtres doivent revêtir des aspects fantastiques, des conformations étranges: hommes sans tête, sans torse ni membres… car, notre cerveau n’est que l’épanouissement de la moelle épinière ; c’est lui qui a fait le crâne et le crâne la tête; nos jambes et nos bras ne sont que les membres du quadrupède transformés et perfectionnés… c’est la position graduellement verticale qui a fait les pieds et c’est l’exercice répété qui a fait les mains… Le ventre n’est que l’enveloppe de l’intestin; la forme et la longueur de cet intestin dépendent du genre d’alimentation… il n’y a pas enfin, sur et dans tout notre corps, un centimètre cube qui ne soit dû à notre fonctionnement vital dans le milieu que nous habitons.

En parlant de ville (en remplaçant quelques mots par « […] » pour ne pas trop dévoiler l’histoire) :

Remarquons, toutefois, qu’elle y serait reconnaissable, si elle ressemblait aux nôtres. Mais rien ne prouve que les êtres ni les choses [de ce monde] ressemblent en quoi que ce soit aux choses et aux êtres terrestres; au contraire, tout nous engage à penser qu’il y a la plus extrême dissemblance entre les deux pays. Or, il pourrait très bien se faire que nous eussions sous les yeux des villages et des habitations [de ce monde], des constructions faites de leurs mains—s’ils ont des mains,—à travers les campagnes, sans que l’idée pût nous venir en aucune façon de supposer que ces objets ou ces travaux fussent le résultat de la pensée des [êtres de ce monde].

On peut voir ici le raisonnement ; le cheminement de pensées qui mène à la création d’êtres organiques et des traces de leur vie sur une planète fictive.

Voilà, avec ça, nous avons déjà quelques bases pour notre propre univers. Je peux ajouter qu’une chronologie, une cartographie, un dictionnaire des peuples, des cités et des langues sont des outils qui peuvent détailler davantage un monde, le rendre plus immersif, plus imposant, plus réel pour le lecteur.

On peut également se baser sur une époque de notre propre planète pour débuter la création d’un monde. On retrouve fréquemment un temps Moyenâgeux dans les œuvres de fantasy tant au niveau des avancées technologiques (déplacement à cheval, architecture proche de la nature, voies pavées…) qu’au niveau des valeurs (royauté, courage, vaillance…). La Terre du Milieu de J.R.R. Tolkien en fait partie. D’autres auteurs préfèrent partir sur un monde à l’avancée technologique dépassant celle de l’humanité.

Comme d’habitude, n’hésitez pas à partager vos pensées sur cet article.

À bientôt.

Certaines choses seront détaillées dans d’autres articles et si des thèmes sur le sujet vous intéressent, soumettez-les moi :)