Akemi no sekai

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Dragon et plancton, court texte

Publié le 19/05/2015 dans Mes écrits.

Vous est-il déjà arrivé de pratiquer de petits exercices anodins pour vous obliger à écrire ? Moi oui. L’idée, c’était que chacune des personnes participant à l’exercice fournisse une idée générale, la première qui lui passait par la tête. Une fois assemblées, ces idées devenaient le thème à respecter pour écrire une courte histoire durant 30 minutes.

Pour cet exercice, nous étions deux et les idées étaient « dragon » et « planton ». J’ai donc tout naturellement appelé mon récit Dragon et plancton.

Environ 3 minutes de lecture.

Dragon et plancton

Le soleil scintillait sur la mer. Le remous et l’écume des vagues attirèrent le dragon qui, après avoir été enfermé des décennies dans les profondeurs d’un volcan, avait quelque peu besoin de se rafraîchir. Il plongea en piquet, éclaboussant les sirènes occupées à bronzer sur des rochers plats. Il était plaisant de voir cette immense créature barboter gaiement et s’amuser à immerger sa tête avant de cracher des torrents d’eau salée par les naseaux. Les femmes-poissons se dispersèrent en râlant et bientôt, le reptile se retrouva seul. Il se sentit malheureux de connaître de nouveau la solitude alors même qu’il venait de rencontrer de nouveaux êtres vivants. Finalement, demeurer seul dans une fournaise perdue ou au milieu d’un océan était exactement la même chose. La fraîcheur de l’eau ne permettait pas davantage de lui hydrater le cœur que les flammes du volcan ne l’avaient réchauffé. Désespéré, il soupira et un nuage de vapeur se forma devant son museau. Ce fut alors qu’une voix se mit à résonner à ses oreilles. Ce son strident et suraigu lui fit faire la grimace, et il passa son énorme patte griffue sur sa tête pour s’en débarrasser, en vain. La voix se manifesta de plus en plus fort jusqu’à ce que le dragon comprenne enfin que quelque chose était en train d’essayer de communiquer avec lui.

— Peux-tu recommencer ? lui demandait-on d’un air surexcité.

— Qui me parle ? interrogea l’animal, inquiet. Où êtes-vous ?

— Nous sommes trop petits pour que tu puisses nous voir, mais nous sommes juste devant toi. Nous flottons dans les océans, dérivant sans cesse sans pouvoir nous arrêter. Nous sommes du plancton.

Le plancton en question semblait s’ennuyer tout autant que le dragon. Celui-ci lui dit :

— Comment pouvez-vous demeurer ici si vous êtes incapables de vous arrêter de nager ? Et que voulez-vous que je recommence ?

— Ton corps massif a stoppé notre progression et tu nous as aspiré en même temps que l’eau. Nous flottons désormais dans la vapeur que tu as créée. Nous aimerions beaucoup que tu nous remettes au chaud dans ton museau pour nous expulser de nouveau par ton nez. C’était très amusant !

Le dragon eut un moment de fous rires durant lequel il battit des pattes et des ailes, remuant brutalement les eaux autour de lui. Il finit par se ressaisir et accepta volontiers le jeu proposé par ses nouveaux compagnons invisibles. Il les entendit rire et crier tandis qu’il aspirait son nuage de vapeur. Il s’enfonça un peu plus profondément dans la masse aqueuse de sorte que ses narines flottent tout juste à la surface. Il souffla alors délicatement, d’énormes bulles éclatant devant ses yeux pétillants de bonheur. Il inhala de nouveau une grande quantité d’eau et la recracha aussitôt dans les airs. De nouvelles volutes de fumée s’échappèrent de ses naseaux en même temps que les voix hystériques du plancton qui s’amusait comme un fou. Ce petit jeu dura un long moment, et tandis que le soleil se couchait à l’ouest, éclairant la ligne d’horizon d’une appétissante couleur orangée, le reptile ne s’aperçut pas qu’un banc de spectateurs s’était installé tout autour de lui et qu’ils applaudissaient chacune de ses expulsions aqueuses. Le roi Triton lui-même s’amusait de ce spectacle extraordinaire. Le cracheur de feu piégé par les flammes pendant des années commençait finalement à s’adoucir grâce à la compagnie du peuple des eaux. Ses écailles, rouges à son premier plongeon, viraient désormais au turquoise, et ses ailes se changeaient en nageoires.