Lectures hétéroclites de contes indiens à Guillaume Musso

Mes deux dernières lectures ont été aussi hétéroclites que divertissantes. D’abord Les aventures du Gourou Paramarta, attribuées à Jean-Antoine Dubois, mais dont l’origine des premières versions est incertaine, puis L’appel de l’ange de Guillaume Musso. D’une part un conte farfelu ayant pour personnage principal un vieux sage indien, et de l’autre un thriller coloré d’amour.

Les aventures du Gourou Paramarta

Résumé

Le vieux gourou Paramarta et ses cinq disciples, Stupide, Idiot, Hébété, Badaud et Lourdaud, voyagent souvent. Ils ne possèdent malheureusement pas de cheval et le vieil homme a parfois beaucoup de mal à supporter la marche. Après une fâcheuse mésaventure au bord de la rivière, qu’ils ont dû franchir à gué, ils se mettent en tête de se procurer un animal pour transporter le Gourou. Le conte relate leurs vaines tentatives de couver une citrouille, qu’ils prennent pour un œuf de jument, ou encore de louer un bœuf qu’ils utilisent comme parasol. Une âme charitable leur fait finalement don d’un vieux cheval boiteux. Ils s’en vont donc fièrement accomplir leur voyage, mais se rendent compte que depuis qu’ils ont acquis l’équidé, il leur arrive encore plus de malheurs qu’auparavant. Ils doivent payer des frais de douane faramineux, ils sont forcés de dédommager un paysan dont les récoltes sont compromises parce que le vieux canasson a tout bouloté dans son pré. Bref, le Gourou ne veut plus de ce maudit cheval. Ses disciples arrivent à le convaincre de garder le canasson qui a été désenvoûté par une sorte de magicien. La mauvaise fortune ne s’abattra plus sur eux ! Or, voilà qu’un homme de passage, pris à tort pour un prophète, prédit la mort du Gourou Paramarta. Ce dernier doit veiller à garder son derrière bien au chaud, car aussitôt qu’il y aura froid, sa dernière heure viendra. Bernés par cette prophétie, les six sages courent à leur perte.

Mon avis

Ce conte, découpé en plusieurs aventures, est satirique. L’humour présent dépeint le Gourou et ses disciples comme des personnes simples d’esprit, niaises et égoïstes. Il y a des moments où l’on rigole bien. Certaines actions et décisions des soi-disant sages sont pourtant tellement absurdes que c’en est parfois lassant. La fin de l’histoire est sidérante de stupidité. Je trouve cela assez dommage. Je me suis modérément amusée durant cette lecture. De plus, je n’y ai pas appris grand-chose sur la culture indienne, et plus précisément sur les traditions des sages dans les temples – choses auxquelles le lecteur s’attend à être exposé –, étant donné que tout était tourné à la dérision. Je ne recommanderais pas ces Aventures du Gourou Paramarta.

L’appel de l’ange de Guillaume Musso

Résumé

Madeline se trouve à l’aéroport de New York avec son fiancé. Elle s’apprête à rentrer à Paris.
Jonathan vient quant à lui chercher son fils à l’aéroport pour aller fêter Noël avec lui à San Francisco.
Ils ne se connaissent pas, mais une bousculade va changer leur destin. Ils échangent malencontreusement leur téléphone et, désormais séparés par plus de dix mille kilomètres, ils n’ont plus qu’à se plonger dans la vie de l’autre en attendant de pouvoir se rendre leur portable.

Jonathan découvre que Madeline, avant de devenir fleuriste à Paris, était flic en Angleterre. Madeline comprend que l’ex-femme de Jonathan a fait croire qu’elle le trompait pour maquiller autre chose. Les deux étrangers enquêtent chacun sur le passé de l’autre, jusqu’à devoir se retrouver pour faire le point.

Mon avis

L’histoire commence gentiment, si bien que je m’attendais à un « simple » roman d’amour. Deux inconnus se rencontrent par hasard et leur vie bascule. Ils ont le coup de foudre. Plus ou moins… Lorsqu’ils se bousculent, il ne semble pas jaillir d’étincelle ou d’amour éclair. Ils se détestent. Ils se détestent encore plus quand ils réalisent qu’ils ont échangé leur mobile.

Pourtant, tous les deux perturbés par leur passé et pas très à l’aise dans leur vie, ils s’immiscent dans celle de l’autre via les informations des mobiles. Entre Paris, New York, Manchester et San Francisco, les deux personnages se découvrent et s’attirent jusqu’à réaliser que leur destin était lié depuis le début.

Entre alors en scène le côté thriller de l’histoire. En effet, ce qui a fait chavirer Madeline 2 ans plus tôt a aussi sauvé la vie de Jonathan… Alice. Alice est une jeune fille disparue à Manchester. Madeline l’a cherchée désespérément jusqu’à recevoir son cœur dans une glacière, au commissariat de police. Après qu’un tueur en série recherché a avoué le crime, la policière a tenté de se suicider. 6 mois plus tard, en France, Jonathan rencontre Alice. Parler avec elle l’aide à refaire surface après les conditions difficiles de sa rupture avec sa femme. Pourtant il a pris sa décision, il va se tuer. Alice l’en empêche.

Pourquoi Alice, qui est censée être morte, se baladait en France ? Quand Jonathan lit les informations du portable de Madeline et voit la photo de la jeune femme qu’elle a crue morte, il reconnaît son ange gardien et décide de mener l’enquête. Alors que les deux inconnus se retrouvent pour en parler, ils réalisent qu’ils sont liés par Alice, et que celle-ci est bien en vie. Malheureusement, elle vient d’être enlevée et le temps presse pour la retrouver. Se laissant portés par l’action, l’urgence et la peur, Madeline et Jonathan comprennent les sentiments qu’ils éprouvent l’un envers l’autre et nouent une relation qui les répare tous les deux.

Ce roman d’amour aux allures d’enquête policière (doublé d’une bonne dose d’angoisse quand le temps presse pour sauver la jeune Alice) est bien mené. L’histoire nous porte et nous tient en haleine. J’ai beaucoup aimé le rythme de l’histoire, les découpes au sein même de chaque partie, pour nous montrer les actions des deux personnages, mais aussi les parties elles-mêmes qui nous amènent sans subtilité dans les méandres de la psychologie des personnages. Finalement, les sentiments amoureux des deux personnages passent au second plan sans que l’on s’en aperçoive. C’est fluide et immersif. La narration est à la troisième personne, mais suit toujours un personnage, si bien que l’on découvre les événements en même temps qu’eux. J’approuve !