Akemi no sekai

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Défilé de robots d’Isaac Asimov

Publié le 20/01/2021 dans Lectures.

Dernièrement, j’ai lu le recueil de nouvelles Un défilé de robots d’Isaac Asimov, paru pour la première fois en France en 1974.

Les différentes nouvelles traitent principalement du rapport de l’Homme avec les robots, créés pour les servir, effectuer leurs travaux, mais aussi pour les protéger.

Les thèmes abordés sont vastes, allant du robot fabriqué pour travailler sur la Lune, mais qui se perd sur Terre, au robot ménager prêt à tout pour satisfaire la maîtresse de maison, en passant par le robot intrus dans un vaisseau spatial ou encore celui qui s’apprête à mentir au tribunal pour préserver l’Homme même qui l’accuse de diffamation. Le titre du recueil porte bien son nom, nous avons là un défilé, une pléthore de robots en tous genres.

Couverture du roman représentant un robot enlaçant une femme humaine.

Je ne vais pas résumer toutes les histoires ici, elles sont courtes et extrêmement agréables à lire. Il n’est pas impossible que je les relise un jour. Je vais me contenter de noter ce qui m’a le plus marqué dans ces récits.

Les trois lois de la robotique

Les robots sont fabriqués par l’U.S. Robots et loués aux différentes entreprises qui pourraient en avoir l’utilité. Leur utilisation et circulation est strictement interdite sur Terre, à cause de la peur et des préjugés que nourrissent les humains à leur encontre. Pourtant, les robots sont programmés systématiquement et sans quiproquos possibles sur la base de trois grandes lois qui garantissent leur caractère inoffensif.

Ces trois points cruciaux sont à la base du développement de toutes les histoires et chacune est parfaitement menée. Logique et psychologie se confondent pour comprendre les comportements des différents robots présentés.

L’ambiance rétro-futuriste

Le contexte des histoires est très clair : un futur bien lointain dans lequel les technologies ont atteint un niveau de développement ahurissant. Globalement, chaque récit se situe dans les années 2100. La robotique fait des prouesses, l’humanité a conquis l’espace et apprend à utiliser l’hyperespace pour déplacer les vaisseaux plus vite que la lumière, la vie a été découverte sur Jupiter, les astéroïdes sont exploités pour les minerais qu’ils contiennent, etc. Bref, la conquête spatiale s’est plutôt bien passée.

Pourtant, le contexte politique et social reste assez flou. Pas parce qu’il n’est pas bien décrit ou pensé, mais parce qu’il est encore le même que dans les années 1950 ou 60. Les États-Unis ont le monopole sur tout, une sorte de guerre froide a toujours lieu, les femmes restent à la maison et se soucient de la vie mondaine pendant que les hommes travaillent et utilisent ces dernières comme les vitrines de leur succès.

Ce contraste n’est pas déstabilisant, ni ne limite la portée de l’imagination de l’auteur. Il donne un côté rétro-futuriste ou anachronique fort qui rend les histoires en plus intéressantes. C’est très bien trouvé. Cela permet de se focaliser sur le type de nouveauté le plus important, la robotique, tout en créant un contexte partiellement connu et donc, acceptable. Le lecteur ne peut pas se perdre. Cet avantage peut se perdre avec les années qui passent, mais alors la technologie devient plus présente pour le lecteur et il pourra s´attarder sur les aspects sociaux des récits.

L’humanisation des robots

Dès le premier récit j’ai trouvé les robots excellents. La plupart sont humanoïdes, mais pas tous. Ils peuvent avoir une apparence physique travaillée pour ressembler aux humains ou seulement les « membres » nécessaires pour accomplir leurs tâches. Dans tous les cas, ils sont attachants. En effet, ils peuvent faire la conversation, sont curieux, intéressés et attentifs, on leur a attribué des prénoms, ils se soucient des humains avec lesquels ils travaillent, ils ont à cœur - si l’on peut dire - de toujours trouver les mots que les humains veulent entendre, etc. Ils ont vraiment été programmés pour respecter leurs trois lois et ils le font. Je les trouve incroyables. Je ne pensais pas être aussi intéressée par des histoires de robots ☺️.

Le cerveau positronique

Voilà sans doute la clé de la réussite. Le cerveau positronique des robots. Il s’agit d’un alliage de plusieurs métaux, malléable, dont le circuit a été programmé d’une manière bien particulière et complexe - tout droit sortie des vieux ordinateurs ou orgues de barbarie des années 60 (Cf. la nouvelle Lenny pour plus de précisions).

Le processus imaginé et l’explication technique et scientifique sous-jacente apporte une authenticité incroyable aux récits. On croirait volontiers que tout est possible.

Ma nouvelle préférée

Il s’agit incontestablement de Satisfaction garantie, dans laquelle Claire Belmont, à la demande de son époux employé par la U.S. Robots, cohabite avec un robot ménager pendant plusieurs semaines. Ce robot humanoïde très réaliste s’appelle Tony et il doit faire ses preuves auprès de Claire afin de déterminer s’il est capable de tenir une maison. Il s’agit d’une expérience avant la mise sur le marché.

J’apprécie tout particulièrement cette histoire parce qu’elle illustre tous les points qui m’ont interpellée au fil de ma lecture.

Pour appliquer la Première Loi, Tony va jusqu’à séduire Claire parce qu’elle se sent seule et n’a pas confiance en elle, ce qui met sa santé mentale en danger.

Tony est un tel prodige de savoirs qu’il est capable d’apprendre les codes de la mode et de la décoration afin de satisfaire sa maîtresse. Il n’est pas seulement l’outil qui remplace l’aspirateur et le lave-vaisselle, il est un véritable décorateur d’intérieur.

En plus de cela, en application de ses lois bien sûr, mais avec beaucoup de tact et de douceur, Tony est le meilleur confident et ami qui puisse exister.

Le contraste entre la technique prodigieuse illustrée par le robot et la condition de la femme par Claire pose l’ambiance rétro-futuriste qui m’a frappée.

Enfin, c’est dans cette nouvelle que le côté « psychologie du robot » m’est véritablement apparu, au regard de la psychologie humaine traitée en parallèle. Le concept de robot créé pour servir et soutenir l’humain est parfaitement illustré avec l’histoire de Tony et Claire. J’ai été surprise de me trouver si émue par cette romance, ainsi que déçue de voir Tony s’en aller sans au revoir et sachant qu’en fin de compte, il lui suffirait d’être reprogrammé pour oublier cette histoire. Lui ne l’a vécue que pour le bien de Claire, mais en ayant conscience de l’absence de réels sentiments du robot, cette dernière ne peut que souffrir. Pourtant, avec les connaissances et les devoirs qu’il possède, c’était la meilleure chose que Tony pouvait faire. À la fin de la nouvelle, lorsque la robotpsychologue en réfère à son collègue, j’ai été un peu refroidie d’apprendre que Tony avait fourni un rapport parfaitement détaillé de ses actions et de ses motivations. Cela l’a tout de suite rendu plus froid et calculateur, même s’il pensait à bien, alors que pendant toute l’histoire on le voyait de plus en plus humain et doux, comme Claire elle-même pouvait le percevoir.

En bref, il s’agit d’une histoire excellente qui te plonge progressivement dans une romance touchante et te rappelle à la fin que tu lisais de la science-fiction et que le beau jeune homme n’était qu’un robot. C’est assez prodigieux de parvenir à obtenir cet effet sur le lecteur.

Conclusion

Excellent recueil de nouvelles SF qui le réconcilie avec Isaac Asimov, mes premiers essais de lectures de ses ouvrages ayant été un peu laborieux. Finalement, je retrouve les mêmes attraits que précédemment et bien que j’ai de nouveau lu des nouvelles, je ne reste pas sur ma faim.